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l’impôt, à quelques industries municipales ou à l’emprunt, dont 1 milliard 92 millions de francs pour les deux premières sources de recettes et 476 millions pour la dernière. Ainsi, dans ce court laps de temps de seize ans, les besoins des localités britanniques ont augmenté des trois quarts environ.

Le continent ne reste pas en arrière de l’Angleterre. Les budgets des provinces italiennes, qui ne s’élevaient qu’à 41 millions de francs en 1865, sont montés à 83 millions en 1875 et à 112 millions en 1884. Les budgets communaux italiens, qui n’atteignaient que 264 millions en 1663, montent à 397 millions en 1874 et à 561 millions en 1885.

En France, il est plus difficile de faire un compte d’ensemble, nos statistiques locales étant fort défectueuses. Voici, cependant, quelques données. Les dépenses de la ville de. Paris ont passé par les étapes suivantes : 23 millions de francs en 1813, soit 37 francs par habitant ; 32 millions à la fin de la restauration, soit 45 francs par tête. L’économe régime de Louis-Philippe ne changea rien à cette proportion ; en 1850, le budget parisien se représentait encore avec une charge de 44 francs par habitant. Le régime impérial, qui refit Paris, adoptait en 1869 un budget parisien de 163 millions pour 1,800,000 habitans, soit 94 francs par tête. En 1887, pour plus de 2,200,000 âmes, le budget parisien monte à 257 millions, soit 109 francs par habitant. Les humbles budgets de nos petites communes témoignent d’un accroissement beaucoup plus rapide. Qu’on en juge par les chiffres qui suivent : en 1803, les centimes additionnels locaux aux contributions directes ne produisaient que 57 millions de francs ; on leur demande 206 millions en 1864, 243 millions en 1869, 309 millions en 1878, enfin 354 millions en 1888. L’augmentation est ainsi de 520 pour 100 depuis le commencement du siècle, et de près de 50 pour 100 depuis 1869. D’autre part, le rendement des octrois, qui n’était que de 44 millions en 1823, de 65 millions en 1843, de 141 millions en 1862, atteint 277 millions en 1887. Ajoutez qu’on menace les localités de toutes sortes d’autres dépenses nouvelles obligatoires. Une foule de projets attentatoires à leur liberté et à leur bourse sont en l’air et en train de se condenser pour a promouvoir la civilisation. » Qu’on ne vienne donc pas soutenir que les charges militaires sont l’unique cause des souffrances des contribuables. Ces charges militaires n’ont en rien jusqu’ici grevé les budgets locaux, qui pèsent si lourdement sur une agriculture appauvrie et une propriété dépréciée.

On voudra peut-être nous offrir une consolation en nous signalant un phénomène analogue, mais dans une bien moindre mesure, aux États-Unis d’Amérique. Il se produit dans ce pays cette remarquable coïncidence que, si les dettes de la nation, des états et