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la maladie qui préserve et la maladie dont on est préservé. Au contraire, la détermination de ces rapports, la démonstration de ce fait que l’immunité est conférée contre une atteinte grave d’une maladie par une atteinte bénigne de cette maladie, qui en est la vaccination, par cette raison que la maladie en question est de celles qui ne récidivent pas, c’était la découverte d’une méthode générale, susceptible d’applications nombreuses ; car le nombre des maladies qui ne récidivent pas est grand, et l’espoir de leur trouver un vaccin devenait dès lors tout à fait légitime. On a longtemps et souvent accusé la science des microbes d’être stérile en applications à l’art de guérir. Mais, bien que cette accusation soit aujourd’hui insoutenable, il est certain qu’une science qui, conduisant à la connaissance des causes des maladies les plus redoutables, les maladies contagieuses, s’est élevée jusqu’à la découverte du moyen de les prévenir, promet à l’humanité d’autres bienfaits que ceux qu’on pourra jamais attendre des méthodes de traitement, si perfectionnées qu’elles soient.

Si maintenant nous établissons le bilan de cette science dont nous nous sommes proposé de suivre les progrès, nous devons constater qu’au point où nous sommes arrivés, il est absolument démontré : qu’il y a des maladies contagieuses et épidémiques, sévissant sur les animaux, qui sont causées par le développement, dans le sang ou dans les tissus de ces animaux, d’êtres extrêmement petits, de microbes, qui y vivent et s’y multiplient à la manière de parasites ; que vraisemblablement les symptômes des maladies dont ils sont la cause sont dus aux modifications chimiques résultant de la vie de ces microbes, modifications comparables à celles qui se passent dans les liquides qui fermentent ou se putréfient ; que ces microbes sont manifestement les agens de la transmission de ces maladies, c’est-à-dire de la contagion, et que les maladies épidémiques s’étendent à la façon dont s’étend la culture d’une plante dont la graine est transportée par le vent ; que les propriétés, dangereuses ou autres, de ces microbes, ne sont pas immuables, qu’elles subissent l’influence, comme tous les êtres vivans, du milieu dans lequel ils sont plongés et du terrain sur lequel ils poussent, et que, notamment, leur activité virulente peut, sous ces influences, subir une atténuation considérable ; enfin, que les troubles produits chez les animaux par des microbes atténués ont pour résultat de rendre ces animaux, au moins pour un temps, réfractaires à l’atteinte des microbes actifs, c’est-à-dire de donner au milieu organique des propriétés incompatibles avec le développement d’une seconde génération de micro-organismes de la même espèce. Nature microbienne, parasitaire de quelques maladies infectieuses, mécanisme de la contagion, cause de