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d’armée et le comité d’état-major n’apportent peut-être pas une sévérité assez rigoureuse dans l’admission au concours ; ils ne devraient y envoyer que des officiers de troupe parfaitement notés. Après deux années d’étude, ces quatre-vingts officiers en sortent assurément plus instruits et très améliorés ; mais il n’en est qu’un petit nombre qui soient vraiment des sujets de première valeur, aptes à faire des aides du commandement. Il semblerait donc préférable de n’accorder le brevet d’état-major qu’à ceux qui le méritent, et de donner aux autres, qui y ont cependant acquis une réelle instruction, un certificat d’études qui leur puisse procurer un avantage suffisamment rémunérateur de leur travail.


Nous avons parlé de la conception, de la préparation des manœuvres ; nous allons maintenant examiner rapidement leur exécution par les diverses armes, en suivant l’ordre de leur entrée successive sur la scène du champ de bataille : la cavalerie qui renseigne ; l’artillerie qui prépare ; l’infanterie qui exécute.


La cavalerie s’est montrée sur certains points à hauteur de son rôle; sur certains autres, elle y a été notoirement inférieure. On peut dire qu’elle a été bonne ou mauvaise, suivant le chef qui la commandait. Néanmoins, on a pu constater que de grands progrès avaient été accomplis. Les officiers sont généralement instruits et aptes à leurs fonctions ; les hommes montent mieux à cheval ; les remontes sont sensiblement améliorées. Si notre cavalerie est encore inférieure à ce qu’elle devrait être, la cause en est dans le commandement, qui est quelquefois exercé par des officiers qui n’ont plus l’activité physique et intellectuelle nécessaire au maniement de cette arme. Il y a beaucoup à faire sous ce rapport ; et il est à désirer que la politique cesse d’intervenir dans le choix des personnes. Il faut aussi souhaiter que des commissions parlementaires ou extra-parlementaires ne risquent pas de compromettre l’avenir de nos remontes, en introduisant, soit dans l’achat, soit dans l’alimentation des chevaux, des économies qui se traduiraient en fin de compte par la ruine d’une arme où la quantité ne remplacera jamais la qualité.


L’artillerie a presque atteint la perfection dans l’art de tirer le canon, c’est-à-dire dans la partie technique de son emploi. La partie tactique de cette arme est en grand progrès. Cette tactique n’est-elle pas d’ailleurs la plus simple de toutes, gouvernée par quelques principes bien nets qui ne se discutent même plus, tels que la concentration des efforts pour la préparation préalable, l’ouverture de