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la lutte avec le maximum de puissance pour maîtriser le feu de l’adversaire.


L’infanterie a été satisfaisante partout, excellente au 6e corps, où, d’une part, le voisinage de la frontière, d’autre part, une direction supérieure très éclairée et très militaire, impriment à tous ses élémens un redoublement de vie et d’efforts.


En parlant ainsi de chaque arme, nous ne visons que sa tactique spéciale, la pratique ordinaire de ses marches, de ses procédés de déploiement et de combat. Mais ces armes diverses sont à l’armée ce que les membres sont au corps, des agens secondaires, des serviteurs soumis qui obéissent à une impulsion directrice. Les membres de ce corps exécutent des mouvemens justes, concordans, harmonieux, s’ils sont gouvernés par une volonté saine, transmise par des nerfs en bonne santé. Au contraire, si la tête est malade, les mouvemens des membres sont incohérens et désordonnés dans leurs rapports; la machine humaine, mal commandée et mal servie, se détraque. De même de la machine militaire. Chez celle-ci, la tête, c’est le commandement ; et l’organe de transmission de la volonté, c’est le service d’état-major.

Nous nous sommes étendu suffisamment sur ces deux sujets.


A la guerre, les morts et les blessés précisent avec une cruelle brutalité les fautes commises ; les revers et les succès y constituent l’enseignement par excellence, sans qu’il soit besoin de personne pour prononcer un jugement d’ailleurs suffisamment accusé par la réalité des choses. En manœuvres, au contraire, où manque cette sanction inexorable des faits, où tout est fiction, excepté le terrain sur lequel on opère, il est indispensable de voir intervenir une autorité supérieure qui puisse apprécier l’application des idées tactiques et de leurs moyens d’exécution au terrain et aux circonstances, puis prononcer un jugement suprême pour condamner les erreurs commises et en éviter le retour; faute de quoi les opérations porteraient dans le vide, sans enseignement, par suite sans profit. Ce but doit être atteint par ce qu’il est convenu d’appeler « la critique. » Elle doit émaner du chef le plus élevé, et de lui descendre jusqu’aux derniers échelons de la hiérarchie. Les généraux qui exercent les grands commandemens devraient y recevoir les observations du directeur supérieur de la manœuvre ; ils transmettraient à leur tour cette instruction à leurs généraux, chacun ayant le souci d’instruire ses subordonnés et de les préparer à leur rôle.