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dix ans, sans que, par bonheur, aucun d’eux ait encore eu le temps de recevoir la consécration des deux chambres, emporté avec son auteur par la première poussée qui monte des bas-fonds de la politique. Le sujet du moins touche là aux intérêts civils de la nation, et il est naturel que ses députés aient qualité pour les défendre, sans admettre pourtant qu’à des questions secondaires, au fond desquelles il n’y a que l’égoïsme d’une préoccupation électorale, ils osent sacrifier l’intérêt vital du pays, le principe même de sa défense, la base de son existence.

Nous ne voulons considérer que des questions purement militaires, qui ne regardent que l’armée, qui ne devraient être résolues que par la compétence des militaires et qu’on livre néanmoins à l’arbitraire inconscient des politiciens.

Un exemple s’en rencontre dans la récente reconstitution des comités des diverses armes. On y trouve une preuve de cet esprit de compromission qui dévie les réformes les plus simples à réaliser.

On se souvient que certain ministre de la guerre, qui fut un jour selon le cœur du parti radical, avait trouvé démocratique de décapiter les diverses armes de leurs conseils particuliers de direction et de perfectionnement, et de les niveler sous l’unique suprématie de son cabinet qui, pour ces hautes fonctions, avait été composé d’une manière jusqu’ici inusitée. A la place de ces conseils, il avait mis des comités minuscules, composés, pour être plus techniques, d’officiers étrangers à l’arme correspondante à chacun, il était important de réparer ce mal au plus tôt, et de profiter de la restauration du conseil supérieur de la guerre pour donner aux comités une autorité d’autant plus grande, une compétence d’autant plus indiscutable qu’ils devaient éclairer un ministre civil. La mesure s’imposait donc de mettre à la tête de chaque comité un des membres du conseil supérieur de la guerre, et derrière celui-ci les généraux les plus anciens, les plus qualifiés dans chaque arme. Ainsi, les questions que leur importance aurait amenées devant l’examen du conseil supérieur de la guerre auraient trouvé, dans les présidens de ces comités, des rapporteurs particulièrement renseignés. Le ministre avait trop de clairvoyance pour ne pas comprendre la nécessité de cette solution. Mais il a dû battre en retraite devant certaines influences parlementaires.


Plus récemment encore, un arrêté ministériel a paru, qui en quelques lignes est cependant gros de conséquences. Cet arrêté désigne le général de division qui doit présider la commission supérieure de classement des officiers proposés pour l’avancement.