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taxe d’église, taxe de police, taxe des égouts, etc. Les seuls droits d’octroi qui existent à Londres sont des droits sur le charbon et un droit très faible sur le vin, qui ne frappe que le vin amené par vaisseau dans le port de Londres, et produit 8,000 livres. Les droits sur le charbon rapportent environ 450,000 livres par an, dont les deux tiers reviennent au bureau métropolitain, l’autre tiers à la cité. Quant au capital nécessaire à l’exécution de ses grands travaux, le Metropolitan Board se le procure au moyen d’emprunts en émettant des titres appelés : Metropolitan Consolidated stock; son crédit vaut celui de l’état; en 1886, il contractait un emprunt de 30,250,000 francs en 3 pour 100, souscrit au taux moyen de 99 5/8. Au 31 décembre 1887, sa dette s’élevait au chiffre de 28 millions de livres sterling, mais il avait prêté lui-même 11 millions de livres. Son budget, pour l’année 1887, atteignait le chiffre de 4,037,434 livres. Il est l’émanation directe des vestries, dont malheureusement les élections se font dans la plus grande obscurité, au milieu de l’indifférence générale. On cite tel district populeux où, trois mille électeurs ayant été convoqués, six seulement se présentèrent au scrutin. Nommé par un corps électoral peu nombreux, le Metropolitain, qui est « un vestry vestrifié jusqu’à la puissance N, » n’en a pas moins accompli de grandes choses : il a embelli et assaini Londres. Il cesse d’exister à partir du 1er janvier 1889.

En Angleterre, on ne goûte que très médiocrement l’axiome de Rœderer : Agir est le fait d’un seul, délibérer le fait de plusieurs; au contraire, l’action et la délibération revêtent très souvent la forme collective; de là l’importance des commissions à tous les degrés de l’échelle sociale : le ministère le plus important, celui de la trésorerie, est administré par une commission, de même pour le département du commerce, le régime des pauvres. Beaucoup d’autres bureaux existent à côté du Métropolitain : le Board of sckools, qui a des pouvoirs presque absolus sur l’éducation, le Metropolitan asylums board, les Conservancy boards, commissions des rivières, la Tamise et la Lea.

Avant 1829, la police métropolitaine, régie par une foule d’actes locaux, manquant d’ensemble, de bonne direction, justifiait presque cette piquante boutade d’un membre du parlement : « Si un jurisconsulte étranger voulait se faire une idée de l’organisation de la police dans la capitale, il arriverait à la conviction qu’elle a été imaginée par une corporation de voleurs, en vue d’assurer à leur société le plus de profits possibles avec la plus grande somme de sécurité. » Robert Peel lit sortir du chaos ce service : à sa tête se trouvent aujourd’hui un commissaire en chef, deux commissaires adjoints, tous trois nommés par la couronne. Véritable préfet de police,