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de 10 francs, ou la qualité de capacitaires, que confèrent, soit un certificat d’études dans une école libre ou officielle, soit un examen d’instruction primaire, soit un emploi, une profession. Très largement ouvert aux petits fonctionnaires, aux petits bourgeois, aux décorés, aux médaillés, aux diplômés, la loi n’admet, dans la classe ouvrière, que les chefs d’atelier. Mais, dans les villes, grand nombre d’artisans sont parvenus, par l’examen, à conquérir le diplôme électoral; et, dans les associations ouvrières, on suit même des cours à cet effet. Ainsi, le corps électoral communal diffère, dans son chiffre, dans son essence, du corps électoral législatif : à Bruxelles, sur 13,000 électeurs communaux environ, 7,500 seulement ont le droit de prendre part aux élections du parlement.

Le budget de cette capitale s’élevait, pour l’année 1886, à 26,779,667 francs, fournis par les ressources ordinaires, extraordinaires et par le fonds d’emprunt. On sait que, chez nos voisins, les droits d’octroi, supprimés en 1791, rétablis en l’an VIII, ont été définitivement abolis en 1860. Pour compenser cette perte, le législateur accorde aux communes 40 pour 100 des droits sur la poste, 75 pour 100 des droits sur les cafés, 34 pour 100 des droits d’accise sur les vins, eaux-de-vie, bières, vinaigres et sucres provenant de l’étranger; c’est un peu comme si le guichet du receveur avait été reculé de cent pas et reporté de la barrière à la frontière. Cette mesure n’a satisfait personne : ni les habitans de la campagne, qu’elle oblige à participer aux dépenses des villes ; ni les villes, dont les recettes demeurent fixées et ne peuvent plus suffire aux dépenses, tandis que l’octroi, plus élastique, permettait de parer aux besoins nouveaux. On a profité de l’ère de prospérité inaugurée en 1870 pour transformer les vieux quartiers, sur lesquels s’élève maintenant une ville nouvelle; mais, après la période des vaches grasses, la municipalité a connu celle des vaches maigres ; elle a sagement cessé de démolir, de bâtir, mis tous ses soins à achever, à faire fructifier les travaux commencés. L’équilibre du budget est aujourd’hui rétabli, et elle va sans doute, après cette halte, prendre un nouvel élan, grâce aux millions dont l’unification de l’emprunt a rempli sa caisse. Cette grande opération a été exécutée en 1886, avec une habileté qui fait honneur au collège échevinal et au conseil ; l’emprunt nouveau, au taux de 2 1/2 pour 100, remboursable à 110 francs et à primes, est conclu pour quatre-vingt-dix ans, au capital nominal de 280 millions de francs. Il ressort, amortissement compris, à 3.27 pour 100; en dehors de la conversion offerte aux porteurs, aux risques et périls des banquiers prêteurs, la ville reçoit le capital nécessaire au règlement des droits des créanciers, plus une somme