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en même temps que les chances de maladie et d’accident ; et ses espérances de gain s’augmentent d’autant plus que chaque animal vendu peut faire place à un nouveau poulain. Tout cheval qui est resté chez l’éleveur a dû gagner son avoine, c’est-à-dire travailler et perdre plus ou moins l’aptitude à la selle ; quant aux sujets conservés intacts et entourés de soins, ce sont des animaux de luxe d’un prix inabordable pour la remonte. C’est ce qu’avaient compris les hommes d’état prussiens au commencement du siècle, tandis que, jusqu’à ces derniers temps, en France, les haras et les remontes ont vécu en désaccord, victimes d’un malentendu dont ils se reprochaient mutuellement d’être la cause. C’était moins la hausse des prix qu’il fallait demander que l’abaissement de l’âge d’achat. On y est arrivé aujourd’hui, et il y a tout lieu de s’en féliciter. Une question reste à décider : ce qu’on fera des jeunes chevaux avant de les envoyer dans les régimens ; nous aurons à l’examiner.

En résumé, notre situation actuelle est bonne ; elle peut devenir excellente, si nous persévérons dans la voie suivie ; il n’y a plus à régler que des questions de détail. Mais il serait temps de profiter des expériences que nous avons faites à nos dépens et de l’exemple de nos voisins. Le climat et le sol de la France permettent d’élever des chevaux excellens, soit que l’on veuille se contenter de faire produire à chaque localité, nous ne disons pas la race, mais le spécimen qui peut y être amélioré avec le plus de facilité et le moins de frais ; soit qu’on essaie, comme en Angleterre, de produire à peu près partout le cheval que l’on veut. Quel qu’il soit, cela n’est pas impossible, car les caractères de ressemblance qu’imprime la localité sont d’autant plus fugitifs et plus variables que la culture plus avancée et le choix plus grand des producteurs permettent à l’homme d’en combattre davantage les influences. C’est aux haras de fournir à chacun de nos centres de production les élémens nécessaires à la création et au perfectionnement du type d’amélioration qui lui manque et sans lequel l’industrie étalonnière privée ne saurait ni se constituer utilement ni se défendre.

Aujourd’hui, personne ne le nie plus, le cheval de pur sang est la base de la régénération des races.

Il est impossible de méconnaître que le pur sang est le principal dépositaire de cette qualité sans laquelle un cheval ne peut pas répondre aux exigences du service de la cavalerie. La longueur des rayons et par suite la force des leviers, le rein court et bien attaché, le corps et les membres dégagés de toute chair inutile, la poitrine profonde, tout indique chez lui un animal de grands moyens.

Que n’a-t-on pas dit contre le cheval de pur sang ? Que de