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sphère d’action, et se tenir au courant de toutes les questions relatives à la production chevaline, à l’emploi et aux débouchés des produits ; aussi est-il très important que les fonctionnaires changent très rarement de résidence. En Allemagne, la nécessité de maintenir le plus longtemps possible à la tête du même établissement les directeurs des haras est admise en principe par tout le monde, et l’on s’y conforme. J’ai vu des chefs de haras provinciaux qui ont depuis vingt ans la même direction et s’en trouvent très honorés. Une circonscription offrant peu de ressources et fort en retard pour la production et l’élevage peut donner de bons résultats dans une période relativement courte, si elle a à sa tête un homme intelligent et qui comprenne ses devoirs. Le meilleur effectif d’étalons ne produira pas tous les résultats voulus s’il est aux mains d’un chef qui ne se dévoue pas tout entier à sa mission, tandis que des étalons d’un ordre secondaire, destinés à une région encore arriérée, y marqueront leur passage et amèneront un progrès réel si celui qui les utilise sait en faire un bon emploi, basé sur la connaissance des besoins et des intérêts à satisfaire. »

A côté de l’administration des haras et conjointement avec elle, le service de la remonte, s’il est en de bonnes mains, peut et doit prendre sur l’élevage une importante influence. Mais, là encore, la stabilité non-seulement des institutions, mais encore des personnes, est une condition primordiale. La fixité des achats peut seule assurer la régularité de la production ; il est indispensable que l’élevage puisse compter sur un chiffre absolu de commande annuelle. Et ce n’est pas seulement au point de vue de la quantité[1] que la remonte ne doit pas varier, le type qu’elle réclame devrait toujours rester fixe, bien que tendant à l’amélioration.

Nous possédons des ressources sérieuses : en Normandie, un centre de production merveilleux ; dans le Midi, un cheval de cavalerie légère incomparable, le cheval de Tarbes. Que les haras fassent perdre aux éleveurs, notamment de l’Est et du Centre, leur goût du cheval étoffé ; que nombre d’officiers de remonte cessent d’admirer outre mesure le type du cheval u bien roulé, ayant du cerceau et du geste ; » et nous pourrons, avant qu’il soit longtemps, compter sur de bons résultats.

  1. Pour donner une idée des variations imprévues qui, de tout temps, ont jeté la perturbation dans l’esprit des éleveurs, il est bon de citer quelques chiffres : de 8,000 chevaux en 1831, les achats descendaient à 5,000 en 1832 et à 79 en 1834. Plus récemment, nous les avons vus passer de 9,000 on 1873 à 15,000 en 1875, de 14,000 en 1880 à 24,000 en 1881, pour redescendre à 13,000 en 1884.