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permise. Aussi a-t-elle déjà fourni un grand nombre d’instituteurs et de professeurs, qui enseignent principalement le français dans diverses institutions d’éducation. De tous côtés, on lui emprunte ses livres, ses méthodes et ses procédés d’enseignement.

L’école des arts et métiers se compose de 272 élèves, dont 17 seulement paient une légère rétribution. C’est encore l’instruction presque gratuite, et l’on y retrouve ce projet bien arrêté chez les gouvernans de donner coûte que coûte à la jeunesse égyptienne des connaissances qui affranchissent l’Égypte de la supériorité jusqu’ici incontestable des arts et des manufactures d’Europe. Y parviendra-t-elle? l’institution est, dans tous les cas, en très bonne voie sous la direction de deux de nos compatriotes, MM, Guiyon et Eugène Villard, le premier directeur, le second ingénieur, professeur des travaux manuels. L’enseignement donné dans les ateliers de peinture décorative, de chaudronnerie, de sculpture, de menuiserie et de machines, est satisfaisant ; celui d’ajustage, de serrurerie, des forges et de fonderie, réclame des améliorations urgentes dans des ateliers qui sont bien peu en rapport avec l’importance d’un tel enseignement. On a pu, cependant, constater comme un véritable progrès que la valeur représentée par les travaux qui sont conservés dans les collections de l’école, et qui ont été exécutés pendant l’année scolaire 1885-1886, est estimée à une somme bien plus considérable, à une valeur artistique plus élevée que celles des travaux du même genre des années précédentes.

La mission scolaire égyptienne en Europe est l’institution qui, je crois, contribue le plus à rendre la France populaire en Égypte, je dis la France, car, sur 48 élèves boursiers ou recommandés, 43 font leurs études à Paris, à Montpellier, à Versailles et à Saint-Cloud. Durant mon séjour au Caire, j’ai été mis en rapport avec des avocats, des juges, des médecins ayant acquis leur grade dans nos facultés ; ils parlent couramment trois ou quatre langues, leurs connaissances sont très étendues et leur distinction est parfaite. Plusieurs m’ont assuré qu’ils regardaient la France comme leur patrie intellectuelle, et que, si une nouvelle agression était dirigée contre elle, ils considéreraient comme un devoir sacré de voler à sa défense. Je crois que ces paroles étaient sincères ; et pourquoi ne l’auraient-elles pas été, n’émanant pas d’hommes politiques? j’ai hâte d’ajouter que je n’ai jamais été de ces Français candides qui croient à la sympathie des nations étrangères, pas plus que je n’ai jamais eu la candeur de penser que les peuples que nous avions aidés dans leur détresse auraient un jour pour nous de la reconnaissance. C’est peut-être ce qui fait dire que l’on s’instruit en voyageant.

En dehors des institutions pédagogiques qui relèvent directement