et de repos; à l’entrée et au front de laquelle Janvier, ce gentil maçon de Saint-Erblon, a gravé ces mots :
Inveni portum : Spes et Fortuna, valete.
(Acieu le monde et l’espoir, je suis bien!)
« Je l’ay baslie d’une moyenne force pour faire teste aux voleurs,
coureurs et à l’ennemy, si Dieu me vouloit chastier en ceste partie,
soubs le crédit de quelques petites eaux qui l’environnent, avecques le pourpril, bois, jardin et verger. Aux vergers me trouverez
travaillant de mes serpes et faucilles, rebrassé jusques au coude,
couppant, trenchant et essasgolant mes jeunes arbrisseaux, selon
que la lune, — qui besongne plus ou moins en ces bas et inférieurs
corps, — le commande. Aux jardins, y dressant l’ordre de mon plant,
reiglant le quarré des allées, tirant ou faisant découler et venir les
eaus, accommodant mes mouches à miel ; distillant les herbes, fleurs
ou racines, ou qui vaut mieux, en faisant des extractions d’icelles et
les rendant en liqueur espoisse ; et me courrouçant contre la taupe et
mulots qui me font tant de mal ; semant diverses et estranges graines,
mariant et joignant le chaud au froid, attrempant le sec de la terre,
advançant les derniers fruits, et contrerollant par doctes artifices
les effects et ornements de Nature, qua le vulgaire ignore. Aux
bois, faisant rehausser mes fossez, mettre à la ligne mes pourmenoirs ; et cependant, entre cent musiques d’oiseau, une batelée
de contes rustiques par mes ouvriers : desquels, sans faire semblant de rien, j’ay autrefois extrait et recueilli en mes tablettes le
subjet et grâce, et communiqué leurs propos et mes balivernes au
peuple, pressant l’imprimeur et renversant mon nom de Léon Ladulfi. Aux rivières, amusé et solitaire sur les bords d’icelles, peschant à la ligne, alongeant souvent le bras pour cognoistre, au
mouvement de la ligne, quelle espèce de poisson vient escarmoucher l’appast ; ou bien tendre rets ou filets aux lieux et endroits
où le cours de l’eau a vraysemblablement fait plus belle passe.
Quelquefois aussi, avec deux lévriers et deux chiens courans,
me trouveray à la chasse du renard, chevreau ou lièvre, sans
rompre ou offencer les bleds du laboureur, comme font plusieurs
contrevenans aux ordonnances et à la justice commune : « Ne
faites à autruy ce que vous ne voudriez vous estre fait. » L’autre
fois avec l’autour, oyseau bon ménager, quatre braques et le
barbet, avecques l’harquebuze, deux bons chevaux de service, et
un pour les affaires de l’hostel. Vous disant qu’après telles distributions et départemens de mes heures, ayant premièrement fait
les prières à ce haut Dieu que la journée se puisse passer sans
l’offenser ny le prochains, et employé quelque heure à la lecture des