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visibilité pour les meilleures lunettes sous le ciel de Paris ! « On a même obtenu, dit M. Mouchez, bien des étoiles de 17e grandeur, qui n’ont sans doute jamais été vues encore. » Enfin, les clichés de Paris ont révélé l’existence de nébuleuses, jusque-là inconnues, dans des légions qui avaient été souvent explorées à l’aide des plus puissans instrumens : telle est la nébuleuse de Maïa, dans les Pléiades, dont la présence a été, depuis, vérifiée directement.

Après de pareils succès, on comprend que le directeur de l’Observatoire n’ait point hésité à prendre l’initiative d’une entente internationale au sujet de l’exécution de la carte complète du ciel, par le moyen de la photographie. La possibilité de cette œuvre considérable étant aujourd’hui pleinement démontrée, a-t-il dit aux astronomes, nous avons contracté, envers la science de l’avenir, le devoir de l’entreprendre sans retard ; quelle que soit la valeur des travaux en cours d’exécution dans les divers observatoires, ils n’auront jamais, pour les astronomes des siècles futurs, une importance comparable à celle de cet inventaire général que nous pourrons leur léguer. Il est d’ailleurs indispensable de nous concerter, de nous distribuer la besogne et d’arrêter un plan de travail, pour éviter les pertes de force, les lacunes et les doubles emplois, et aboutir à une œuvre vraiment homogène. Quant aux frais qu’entraînera l’entreprise, ils seront sans doute assez élevés en soi, mais bien faibles relativement à l’importance du résultat.

Le congrès astrophotographique s’est réuni à Paris, ainsi que nous l’avons dit, au mois d’avril 1887 ; seize nations y étaient représentées. On a commencé par vider certaines questions techniques ; l’emploi des télescopes (réflecteurs), malgré les avantages qu’ils offrent sous quelques rapports, a été rejeté pour l’exécution de la carte du ciel, et un vote unanime a recommandé les réfracteurs, c’est-à-dire les lunettes ; ou les construira semblables à la lunette photographique de l’Observatoire de Paris. Sur la limite de grandeur des étoiles à photographier, les avis étaient d’abord partagés, et l’on a eu quelque peine à s’entendre. Prenant en considération la différence notable des durées de pose nécessaires pour les étoiles brillantes et les étoiles très faibles, on a finalement décidé de faire deux sortes d’épreuves destinées à deux usages différens.

Pour la double série d’épreuves, consacrées à la description du ciel, qui devra comprendre les étoiles jusqu’à la 14e grandeur, la durée de pose sera (sous le climat de Paris du moins) d’environ 12 minutes[1]. Pour la série supplémentaire de clichés, comprenant les étoiles jusqu’à la 11e grandeur seulement, et qui doit,

  1. Peut-être aussi beaucoup moindre, avec des plaques plus sensibles.