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jardins de manguiers, et, de mille en mille, j’ai fait creuser des puits, j’ai établi des piscines, j’ai créé un grand nombre d’hôtelleries pour le bien-être des hommes et des animaux. (Mais ce n’est point assez de songer au bien-être matériel.) Les rois mes prédécesseurs ont, et j’ai moi-même travaillé au bonheur des hommes par des améliorations diverses ; mais il s’agit de les faire entrer dans la voie de la religion ; c’est sur cette fin que j’ai réglé mes actions. Voici ce que dit le roi Piyadasi, aimé des dieux. J’ai créé aussi des officiers religieux : ils sont préposés à des œuvres charitables diverses ; ils sont préposés à la surveillance de toutes les sectes monastiques ou vivant dans le monde. J’en ai préposé aussi aux affaires du clergé bouddhique ; j’en ai préposé aux brahmanes, aux ascètes mendians, aux nirgranthas (religieux jaïnas). Des officiers particuliers ont été préposés chacun à une de ces catégories, et les officiers religieux en ont la surveillance générale comme aussi des autres sectes. Voici ce que dit le roi Piyadasi, aimé des dieux. Ces fonctionnaires et beaucoup d’autres intermédiaires s’occupent de la distribution des aumônes en mon nom et au nom des reines. Dans tout l’appartement des femmes, ils exercent leur surveillance en diverses manières, chacun dans son département. J’ai réglé que, soit ici, soit dans les provinces, ils aient à s’occuper des aumônes de mes enfans et des princes royaux pour favoriser les actes de religion, la pratique de la religion. La pratique de la religion, c’est à savoir : la pitié, l’aumône, la véracité, la pureté, la douceur, la bonté, se développera de la sorte. Voici ce que dit le roi Piyadasi, aimé des dieux. les hommes se règlent sur les bonnes actions que je puis faire ; ils suivent ces exemples. C’est ainsi que se sont développés, que se développeront encore l’obéissance aux parens, l’obéissance aux maîtres spirituels, le respect des vieillards, les égards envers les brahmanes et les çramanas (religieux bouddhistes), les pauvres et jusqu’aux esclaves et aux serviteurs. Voici ce que dit le roi Piyadasi aimé des dieux. Le progrès de la religion parmi les hommes ne se fait que de deux façons : par l’observance des règles restrictives et parle zèle personnel. Mais, entre les deux, les restrictions légales sont pou de chose ; c’est le zèle qui fait plus. Par restrictions légales, j’entends les règles que j’ai édictées, comme celle-ci : il est interdit de tuer telles et telles espèces d’animaux, et beaucoup d’autres. Mais c’est beaucoup plus par le zèle personnel que la religion progresse parmi les hommes, par le respect de la vie, le souci de n’immoler aucun être. C’est dans cette vue que j’ai posé ces inscriptions, afin qu’elles passent à mes descendans, qu’elles durent autant que le soleil et la lune, et que l’on se conforme à mes enseignemens. Car, en s’y conformant, on s’assure le bonheur en ce monde et dans l’autre. »