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La calorification est donc le résultat de phénomènes chimiques qui se passent dans l’intimité des tissus. Ces phénomènes, très actifs et nombreux chez les animaux supérieurs, homéothermes, le sont beaucoup moins chez les animaux à sang froid ; mais cela importe peu : la différence est de degré et non de nature.

Mais ici, une question se pose : Pourquoi l’homme, par exemple, présente-t-il une température propre, sensiblement constante, au pôle, par 30 degrés au-dessous de zéro, et au Sahara, par 40 degrés de chaleur? Comment les animaux homéothermes et l’homme ne prennent-ils pas la température du milieu où ils se trouvent, et comment luttent-ils contre ces températures extrêmes?

De plusieurs façons, semble-t-il, au point de vue physiologique, car nous n’avons pas à nous occuper ici des moyens que l’homme a su inventer pour se défendre. Pour lutter contre la chaleur, il a l’appareil sudoral qui agit dès que sa température interne tend à s’élever; par le fait de la chaleur extérieure, les glandes sudoripares entrent en jeu, et l’évaporation de la sueur produit une réfrigération notable. Notons en passant que cette évaporation n’est possible que dans un milieu relativement sec, et présente d’autant plus de difficulté à se produire, que l’humidité est plus abondante autour du corps. Aussi souffre-t-on beaucoup plus de la chaleur quand l’air est humide que lorsqu’il est sec : l’humidité empêche ou ralentit l’évaporation, et par conséquent la réfrigération.

Chez certains animaux, l’appareil sudoral existe et joue le même rôle que chez l’homme ; mais il manque à nombre d’entre eux, aux oiseaux, aux chiens, aux lapins, etc. Comment se fait chez ceux-ci la lutte contre la chaleur? Il n’a pas été fait de recherches sur ce point, en ce qui concerne les oiseaux, à notre connaissance ; mais pour le chien, M. Ch. Richet est arrivé à de très intéressans résultats. Chez cet animal, la réfrigération s’opère par l’appareil respiratoire, car c’est par cet appareil seul que peut s’opérer une évaporation suffisamment active. Le chien transpire par le poumon. Tous les animaux pulmonés d’ailleurs, et l’homme même, en l’ont autant; mais, comme chez le chien c’est la seule transpiration possible, elle acquiert une intensité toute particulière. Le chien qui a chaud, tire la langue, pour mieux laisser passer l’air par la bouche, et il respire rapidement, parfois avec une vitesse extrême, pour que l’exhalation de vapeur d’eau se fasse plus vite. Il est à souhaiter que l’étude des mécanismes réfrigérateurs soit poursuivie chez les êtres non susceptibles de transpirer, car elle sera certainement féconde en résultats intéressans.

Quand l’élévation de la température interne chez l’homme demeure faible, il s’opère une réfrigération suffisante par le simple