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des finances, récapitulait les excédens que les dépenses avaient présentés sur les recettes effectives dans les cinq exercices de 1882 à 1886 : il arrivait au chiffre de 4 milliards, dont il déduisait 850 millions pour tenir compte des amortissemens opérés pendant la même période sur la dette à court terme. Le déficit définitif était ainsi ramené à 3,150 millions pour cette période : si on divise ce chiffre par le nombre des années, c’est-à-dire par cinq, on trouve pour moyenne un déficit de 630 millions par exercice financier. Or cette situation ne peut qu’empirer à raison du supplément de charges que chaque exercice réglé en déficit lègue à l’exercice suivant, et ce fait est facile à vérifier. Laissons en dehors l’emprunt de 900 millions par lequel a débuté cette chambre élue en 1885 avec le fameux programme : ni emprunt ni impôts nouveaux, parce qu’on pourrait dire que cet emprunt a eu pour objet de consolider en partie les déficits des années précédentes ; mais voici les ressources extraordinaires auxquelles il a fallu recourir, depuis 1885, pour faire face aux dépenses que les recettes ordinaires ne suffisaient pas à couvrir. L’économie obtenue par la conversion du 4 1/2 ancien a été le gage d’une émission qui a produit 170 millions ; les obligations sexennaires émises ou à émettre à nouveau, en dehors du renouvellement des obligations échues, s’élèvent à 824 millions ; les obligations de 22 ans, déjà émises ou à émettre en 1889 pour épuisement de l’emprunt spécial affecté à la liquidation de la caisse des écoles et de la caisse des chemins vicinaux, montent à 215 millions : voilà pour les emprunts directement contractés par l’État ; viennent maintenant les emprunts obtenus par voie indirecte : 99 millions ont été avancés par les villes ou les chambres de commerce. Il a été ou il sera fourni par les compagnies de chemins de fer 840 millions pour les constructions nouvelles, 275 pour les travaux complémentaires et 165 du chef des intérêts et des insuffisances de recettes. Le total de ces emprunts, destinés à suppléer à l’insuffisance du budget ordinaire en 1886, 1887, 1888 et 1889, s’élève à 2,588 millions, ce qui représente un déficit moyen de 645 unifions pour chacune de ces quatre années. On voit donc que le calcul qui évalue de 550 à 600 millions le déficit déjà prévu pour 1889 ne saurait être taxé de pessimisme.

L’exercice 1890, à supposer même qu’il ne reçoive le contrecoup d’aucun événement politique, aboutira au même résultat que l’exercice en cours. Le budget ordinaire actuellement soumis au parlement est en augmentation de 25 millions sur celui de 1889 ; mais il ne pourvoit pas davantage aux dépenses laissées en dehors de celui-ci. les 180 millions accordes à la guerre à titre de crédits extraordinaires devront, en totalité, être demandés à l’émission d’obligations sexennaires. Il en sera de même des 69 millions exigés