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par le service de la garantie d’intérêts. Les 160 millions destinés aux dépenses de construction de chemins de fer devront être empruntés par les compagnies au compte de l’État, ainsi que les 65 millions nécessaires pour les travaux complémentaires. Ces emprunts représentent déjà 475 millions ; ajoutez-y 24,040, 000 francs de fonds de concours, c’est-à-dire d’avances acceptées sous condition de remboursement ultérieur, et les subventions ordinaires pour les tramways, les chemins vicinaux, les constructions d’écoles, les lycées et établissemens d’enseignement supérieur, et vous reconnaîtrez sans peine qu’il sera dépensé en 1890, en dehors et en sus du budget ordinaire, la même somme qu’en 1889, c’est-à-dire de 550 à 600 millions.

Il est malheureusement à prévoir qu’il en sera de même en 1891 et dans les années qui suivront. Pour s’en tenir à un seul ordre de faits, les crédits extraordinaires accordés à M. de Freycinet en 1888, et pour 1889 et 1890, ne sont que de simples acomptes sur les 1,065 millions auxquels ce ministre a consenti à limiter provisoirement son programme de dépenses nouvelles. Il reste donc encore à lui fournir, en deux ou trois années, 550 millions qui devront être demandés à l’emprunt. Nous verrons, tout à l’heure, qu’il en sera de même de bien des dépenses. Avant d’aborder cette question, il suffira, pour faire apprécier la gestion financière de la chambre qui va comparaître devant le corps électoral, de constater que le déficit des quatre budgets qu’elle aura votés ne saurait être inférieur à 2,300 millions. Elle aura ainsi fidèlement suivi l’exemple de ses deux devancières, les chambres de 1878 et de 1881, dont chacune a créé un déficit de 2 milliards 1/2 à 3 milliards, et contribué ainsi à accroître de 300 millions les charges annuelles de la dette publique.

Il était impossible, en effet, que cette succession ininterrompue de déficits n’aboutît pas à un accroissement de la dette. Comment s’expliquerait-on autrement le développement effrayant de cette dette, qui laisse loin derrière elle celle de tous les grands états des deux mondes ? Il n’est peut-être pas inutile d’en établir avec précision le chiffre actuel. La dette consolidée, qui ne comprend plus que deux fonds : le 4 1/2, inconvertible jusqu’en août 1894, et le 3 pour 100, s’élève en capital à près de 22 milliards, et en intérêts à 739 millions 1/2. La dette amortissable, dont la création a eu surtout pour objet de consolider les emprunts faits pour couvrir les crédits extraordinaires, représente actuellement un capital de 4 milliards, qui va s’atténuer annuellement de 83 millions par le jeu de l’amortissement, et dont le service exige un peu plus de 141 millions. À ces 26 milliards, il convient d’ajouter 1 milliard pour la dette flottante proprement dite, un 1/2 milliard pour les