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Tout en soutenant la même thèse que M. Tirard, admettait un accroissement d’un demi-milliard ; mais il ne tenait pas compte des 48 millions dont les conversions ont allégé le service de la dette et qui ont été appliquées à d’autres dépenses, et il laissait en dehors les garanties d’intérêt. Les orateurs de l’opposition concluaient à une augmentation de 848 ou de 868 millions. M. Amagat, qui avait pris pour termes de comparaison les budgets de 1878 et de 1889, arrivait au chiffre de 818 millions ; mais il faisait remarquer que le premier de ces budgets renfermait 150 millions pour l’amortissement, et supportait pour le service de la dette les 48 millions supprimés par les conversions ; il en concluait que l’écart réel entre les dépenses des deux exercices était de plus de 1 milliard.

Le seul progrès du budget ordinaire, en éliminant toutes les dépenses auxquelles il est pourvu autrement que par l’impôt, a suffi pour absorber et au-delà toutes les plus-values qui ont pu se produire, et le rendement de toutes les impositions nouvelles et de toutes les surtaxes dont la fiscalité officielle a pu s’ingénier. Pour s’en tenir à l’œuvre de la législature actuelle, le budget ordinaire de 1887 présente une augmentation de 26 millions sur celui de 1886 ; pour 1888, l’augmentation est de 18 millions ; elle est de 35 millions pour 1889 et de 25 millions pour 1890. Ainsi donc, indépendamment des emprunts directs et indirects qu’il a fallu contracter, le budget ordinaire s’est accru de 104 millions en quatre années, et l’équilibre apparent de ce budget n’a été maintenu qu’au détriment de l’amortissement des obligations sexennaires qu’on a réduit d’année en année, à mesure que les dépenses croissaient. jusqu’au chiffre dérisoire de 5,800,000 francs pour 1889.

Personne ne peut se faire illusion au point de croire que cette progression constante du budget ordinaire soit à la veille de s’arrêter. Sans faire entrer en compte les charges nouvelles qui pourront résulter du projet de loi sur les traitemens des instituteurs, déjà voté par la chambre et en discussion devant le sénat, la seule application des lois de 1881 et de 1886 sur l’enseignement primaire doit entraîner graduellement, de l’aveu de l’administration. un accroissement de dépenses de 71 millions, qui portera à 206 millions les crédits du ministère de l’instruction publique. L’application de la future loi sur le recrutement militaire qui doit supprimer la division du contingent en deux parties et faire passer les classes tout entières sous les drapeaux, aura pour conséquence un supplément de dépenses que les calculs les plus modères évaluent à 24 millions, mais qui dépassera certainement ce chiffre. Le développement régulier des arrérages que le trésor doit servir sur les sommes dont il devient débiteur vis-à-vis des compagnies amène