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chaque année une augmentation correspondante dans le service de la dette. Enfin, l’accroissement de la dette flottante dont le chiffre présent inspire des inquiétudes que M. Peytral, ministre des finances dans le cabinet Floquet, n’a pas dissimulées à la commission actuelle du budget, nécessitera à bref délai un emprunt de consolidation de 800 millions à 1 milliard, dont les arrérages devront s’ajouter aux charges permanentes du trésor, et trouver place dans le budget ordinaire. Il y a donc lieu de prévoir, dans un temps plus ou moins rapproché, une addition d’environ 150 millions aux dépenses actuelles de ce budget. On n’aperçoit point les ressources nouvelles qui pourront couvrir ces charges imminentes. Les économies obtenues au moyen des conversions, et le produit qu’on attendait des lois des 27 mai et 4 juillet 1887, sur les sucres indigènes ont été immédiatement absorbés. Les projets élaborés par M. Peytral, et auxquels le parlement et l’opinion ont fait un si mauvais accueil, visaient surtout des transformations dans l’assiette de divers impôts ; et ce ministre se défendait vivement d’avoir voulu rien ajouter aux charges des contribuables. Ces projets ont été répudiés par le ministre actuel, et l’approche des élections générales donnait la certitude qu’aucune proposition d’impôt ne figurerait dans le budget de 1890. Il faudra pourtant finir par s’incliner devant une inexorable nécessité. Pas un homme sérieux ne peut attendre de simples économies le rétablissement de nos finances. M. Peytral a déclaré franchement à la chambre, pour justifier son premier projet de budget, qu’il était impossible de conserver un amortissement quelconque sans recourir à des créations d’impôts. Au sénat, où les préoccupations électorales sont moins impérieuses qu’à la chambre, des partisans peu suspects du régime actuel, M. lingot, M. Loubet, M. Boulanger, rapporteur-général du budget, se sont élevés, dans ces dernières années, contre toute addition aux dépenses actuelles, et surtout contre la continuation des emprunts à découvert par lesquels on pourvoit aux dépenses extra-budgétaires. Tous demandent que les emprunts soient désormais gagés : or il n’y a qu’un seul moyen de gager un emprunt, c’est d’affecter à le servir une recette effective, et, dans le délabrement où nos finances sont tombées, un supplément de recettes ne peut plus être attendu que d’un supplément d’impôt. Que les contribuables se tiennent donc pour avertis.


II.

Quelles sont les causes dont l’action, en quelque sorte mécanique, élève d’année en année le chiffre des dépenses, et ne permet ni retour en arrière ni même un simple temps d’arrêt ? Quels sont