Page:Revue des Deux Mondes - 1889 - tome 93.djvu/308

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de finance de 1889, et, au moment de quitter le pouvoir, il a exprimé dans les termes les plus énergiques à la commission du budget de 1890 les appréhensions que lui causait la perspective d’avoir en circulation 1,100 millions d’obligations sexennaires sans un centime à mettre en regard de cette dette à courte échéance. Il aurait voulu la retenir en dessous du milliard. Dans ce dessein, il avait proposé, pour 1889, de faire face aux 84 millions du budget extraordinaire de la guerre, qui n’étaient pas couverts par des reliquats d’emprunts, au moyen de bons du trésor indéfiniment renouvelés, espérant que le ministère de la guerre n’épuiserait pas le crédit ouvert et que l’amélioration des recettes restreindrait encore l’émission à faire. Ce système fut écarté comme sujet à trop d’inconvéniens. M. Peytral proposa alors, pour le budget de 1890, de subvenir aux dépenses extraordinaires de la guerre, non plus avec des obligations du type ordinaire, mais avec des obligations de vingt-deux ans de durée qui auraient dégagé les prochains budgets et auraient porté avec elles leur amortissement. Cette proposition a été écartée par la commission du budget, qui a préféré les obligations sexennaires, voulant laisser le champ libre aux combinaisons dont on a prêté le projet au nouveau ministre des finances, qu’il s’agisse d’un emprunt ou d’une conversion facultative de ce qui subsiste de rente 4 l/2 pour 100. À quelque combinaison que le gouvernement s’arrête, il est indispensable d’aviser, parce qu’en raison des crédits promis au département de la guerre et du service de la garantie d’intérêts, les échéances annuelles d’obligations vont dépasser de beaucoup le chiffre de 100 millions. L’exercice 1888 a préparé, pour 1894, une charge supérieure à 160 millions. En 1889, on renouvellera 86 millions d’obligations échues et impayées ; on en émettra 84 millions pour le budget de la guerre et 75 millions pour les garanties d’intérêts, soit en tout 247 millions à échéance de 1895. En 1890, même en prenant au sérieux l’amortissement de 24 millions découvert par la commission du budget, il faudra encore renouveler 76 millions d’obligations, en émettre 180 millions pour le ministère de la guerre et 69 millions pour les garanties d’intérêts, soit une charge totale de 325 millions pour le budget de 1896. Ces chiffres ne suffisent-ils pas à démontrer l’indispensable et urgente nécessité d’éteindre ou de consolider par un emprunt la plus grande partie, sinon la totalité des obligations en circulation ?

Nous n’avons pas encore épuisé la série des dépenses qui auront pour conséquence de faire peser sur le pays des charges toujours croissantes, et qui ont, avec les précédentes, ce caractère commun de n’être rattachées qu’indirectement au budget, et de n’être