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1888, à 70,984,570 francs : elle s’accroîtra de 25 millions par an si on persiste dans les erremens des dernières années ; et il paraît difficile qu’il en soit autrement, car l’administration des travaux publics a déjà accepté en principe des offres pour un chiffre de 160 millions,. et la plupart des projets de loi destinés à les sanctionner sont déjà déposés. La marche de l’annuité de remboursement fera mieux voir que tous les raisonnemens sur quelle pente glissante le parlement s’est engagé, en se laissant séduire par cette apparente facilité de faire des travaux sans bourse délier. La première annuité, celle qui figurait au budget de 1885, était seulement de 118,667 francs : elle est déjà de 5,098,795 francs en 1889 : elle est inscrite au budget de 1890 pour 7,883,626 francs, mais dès 1891 elle atteindra 13 millions et elle oscillera entre 13 et 15 millions jusqu’en 1906, en supposait que ce système d’emprunt indirect ne prenne pas plus d’extension. Si l’on rapproche le chiffre que l’annuité va atteindre du crédit inscrit au budget ordinaire pour les travaux des ports et qui s’élève à peine à 12 millions depuis plusieurs années, on se demande comment l’administration pourra faire face aux deux dépenses à la fois, et s’il ne faudra pas renoncer à tout travail dans la majorité de nos ports pour satisfaire aux engagemens pris vis-à-vis de quelques localités privilégiées. Déjà pour ce qui concerne les ports algériens (car le même système a été appliqué en Algérie), l’annuité de remboursement est plus considérable que le crédit budgétaire ; mais ici le champ de la dépense est plus restreint. L’annuité ne dépassera, pas 1,100,000 francs ; elle décroîtra à partir de 1891, et cette dette sera éteinte en 1900.

On croit peut-être que nous avons épuisé tous les modes d’emprunt auxquels le gouvernement a eu recours. On se tromperait : il en est encore un qu’il est opportun de signaler. Après avoir vidé les caisses d’épargne, en remplaçant par du papier l’argent qui s’y trouvait, le gouvernement s’est interdit par une loi d’emprunter plus de 100 millions à la Caisse des consignations sur les fonds des déposans ; mais on se déshabitue malaisément de puiser dans une caisse où ]’argent ne manque jamais. Le parlement s’étant avisé d’augmenter, par une loi du 18 août 1881, les pensions des militaires et des marins déjà retraités, sans prendre la peine de faire les fonds pour subvenir à ce surcroît de dépense, le gouvernement s’est adressé à la Caisse des consignations et lui a demandé de payer ces supplémens de pensions avec l’argent que le public lui apporte. C’est un emprunt, et même un double emprunt, car l’annuité inscrite au budget pour rembourser la caisse n’équivaut ni au capital que la caisse paie chaque année, ni à l’intérêt de ce capital : seulement, par l’effet des extinctions successives, la proportion