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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 juin.

C’est le mot d’ordre de ces mois d’été. On vit dans le tourbillon des plaisirs, des fascinations et des beaux spectacles. Certes, si pour le bien et l’honneur du pays, il ne fallait que des fêtes, des galas, une bonne volonté hospitalière, des visites flatteuses, des cortèges officiels, des ovations en voyage, des discours et des complimens, tout serait pour le mieux. Rien ne manque au succès de cette Exposition qui se confond avec le Centenaire en le faisant un peu oublier. La tour Eiffel et les fontaines lumineuses éclipsent les manifestations politiques et les apothéoses factices des grands hommes inconnus. C’est l’Exposition qui est l’attrait, la grande affaire, ce n’est pas Baudin au Panthéon !

M. le président de la république, on ne peut que se plaire à le dire, est le premier à donner le signal des réceptions, des promenades dans ce monde opulent et charmant du Champ de Mars, et comme dans ses visites il est souvent accompagné de la bonne grâce dans la simplicité, il est sûr d’être bien accueilli. Il voyage aussi, il est allé récemment dans le Pas-de-Calais, dans le Nord, où il a prononcé quelques discours, où il en a surtout entendu beaucoup. Pour le moment, il n’a que faire en province, son rôle est d’être le maître des cérémonies de la France, le ministre de l’hospitalité française : il le remplit avec aisance, sans affectation. Les étrangers, de leur côté, ne manquent pas au rendez-vous, et un des premiers visiteurs a été le prince de Galles arrivé tout dernièrement avec sa famille. Voilà qui est étrange. Le prince de Galles est vraiment un homme plein de courage, pour ne pas dire de témérité, qui n’a pas craint de livrer la princesse, les jeunes princes ses fils, tout ce qui doit porter la couronne britannique, à ces périls terribles que le premier ministre de Hongrie, M. Tisza, pronostiquait l’an dernier pour ses compatriotes dans cet incandescent