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roi, le secrétaire d’état La Vrillière et le chancelier Séguier ne montrèrent ni moins de bonne volonté, ni moins d’empressement. Bref, malgré les cabales du dernier moment et les efforts désespérés de la maîtrise, tout était conclu dès le 1er février 1648, tout se trouvait prêt pour la mise en pratique. Les fondateurs de l’Académie s’assemblaient pour procéder à l’élection des douze « anciens » qui devaient, aux termes des statuts, administrer la compagnie et diriger l’école, chacun pendant un mois, et pour choisir les quatorze académiciens « primitifs », en attendant que ces vingt-six membres de la compagnie naissante où l’on comptait déjà des peintres comme Le Sueur et Philippe de Champaigne, des sculpteurs comme Sarrasin et Van Obstal, s’adjoignissent peu à peu des confrères chargés à leur tour de pourvoir dans l’avenir au recrutement de l’académie, à mesure que les années se succéderaient et que de nouveaux talens viendraient à se produire.

Nous n’avons pas ici à suivre dans ses diverses phases l’histoire de l’Académie royale de peinture et de sculpture ; nous n’avons pas à rappeler les luttes que les académiciens durent soutenir contre ce qui restait de la maîtrise, représentée par la communauté devenue elle-nième à un certain moment l’Académie de Saint-Luc et par son chef, l’ambitieux et agressif Pierre Mignard, — jusqu’au jour où la nomination de celui-ci (4 mars 1690) aux fonctions de directeur de l’Académie royale après la mort de Le Brun vint mettre fin aux querelles, sinon aux intrigues, et assurer, au dehors comme au dedans, la prééminence de l’Académie sur sa prétendue rivale. Encore moins conviendrait-il d’insister sur les modifications, toutes de détail d’ailleurs, qui, sous le règne de Louis XV ou sous le règne de Louis XVI, furent apportées à l’organisation primitive : il nous suffira de résumer les lois générales ou les usages qui régissaient l’ancienne Académie pour marquer la disparité originelle et, jusqu’à un certain point, le contraste entre ces conditions mêmes et celles qui devaient être faites, un siècle et demi plus tard, à la troisième classe de l’Institut.

Aux termes de l’acte officiel qui en autorisait la fondation, l’Académie royale de peinture et de sculpture pouvait recevoir un nombre de membres illimité : « Sa Majesté, est-il dit dans les lettres-patentes de 1648, a ordonné et ordonne que tous peintres et sculpteurs, tant Français qu’étrangers, comme aussi ceux qui ont été reçus maîtres et se sont volontairement départis ou se voudront à l’avenir séquestrer dudit corps de métier, seront admis à ladite Académie sans aucuns frais, s’ils en sont jugés capables par les plus anciens d’icelle. » Les choses se passèrent conformément à ces prescriptions jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, c’est-à-dire que