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que l’on a saturé de titres à lots la clientèle spéciale de ce genre de placement, et que toutes ces émissions récentes souffrent d’un mal général, l’insuffisance de classement. Des milliers de titres flottent et pèsent sur le marché, eh pension ici ou là, dans l’attente de preneurs définitifs. Le Crédit foncier ne pouvait guère être à l’abri du courant de défaveur qui frappait certaines de ses obligations ; l’action a fléchi de 1,310 à 1,247 fr. 50, après détachement, il est vrai, d’un coupon de 32 francs, ce qui réduit la baisse totale à 30 francs.

Les obligations de la ville de Paris 1886 se tenaient le 1er juillet à 385. Le 6, l’a municipalité a procédé à l’émission de 65 millions en titres complètement analogues à ceux qui figuraient sous la mention ci-dessus à la cote. Soit absence de publicité ou tendance momentanée de l’épargne à l’abstention, l’emprunt a éprouvé une sorte d’échec. Il a bien été souscrit en réalité, mais non plusieurs fois, comme le veut la tradition, et l’attribution aux souscripteurs de l’intégralité de leurs demandes a très désagréablement surpris ceux qui avaient demandé quatre ou cinq fois, en prévision de la réduction habituelle, la quantité qu’ils, désiraient ou pouvaient garder. L’emprunt n’est nullement’ classé. aussi les titres se sont-ils immédiatement côtés en perte, et les obligations de 1886, avec lesquels ils sont confondus, ont baissé de 385 à 374.

Les dispositions générales, que ces divers faits accusent plus ou moins vivement, sont une explication suffisante du peu d’influence exercé cette année, dans le sens de la bonne tenue de la cote, par le détachement des coupons, soit le 1er juillet sur les valeurs ne se négociant qu’au comptant ; soit le 5 sur les valeurs de spéculation. Ce détachement n’a provoqué aucune hausse, les coupons n’ont été regagnés ni en totalité ni partiellement. Bien plus, la réaction s’est en quelque sorte accentuée plus vivement après que les cours ont paru, sur la cote, allégés du montant des coupons.

Cependant, il serait absurde de supposer les capitaux de placement à ce point terrifiés par l’approche des élections générales que la Bourse se voie menacée d’une grève totale de l’épargne. Les remplois de fonds seront peut-être, en raison des circonstances, moins rapides que d’ordinaire, et leur effet pourra être peu sensible sur le terrain de la Bourse. Mais ils n’en produiront pas moins, avec le temps, leur office d’absorption, d’autant que cette baisse de certaines obligations du Crédit foncier et de la ville de Paris offre en ce moment aux disponibilités des occasions inespérées de placement avantageux.

Au dehors, très grand calme. Les rumeurs pessimistes concernant la Serbie, la Bulgarie et les relations entre Saint-Pétersbourg et Berlin se sont peu à peu dissipées. Cependant les attaques de la presse berlinoise contre les fonds russes ont repris par intermittence, et un nouveau recul s’est produit. Le 4 pour 100 1880 et les Consolidés ont fléchi d’une unité à 89.25 et 88.75.