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ETUDES
D'HISTOIRE RELIGIEUSE

DE LA MODERNITE DES PROPHETES
PREMIERE PARTIE

Les Juifs, à l’époque où le christianisme a commencé de se répandre, se faisaient, sur la date de leurs livres saints, d’étranges illusions, et leur attribuaient une antiquité absolument invraisemblable, comme on le voit également par saint Paul ou par Josèphe. Ils croyaient le Pentateuque écrit par Moïse 1600 ans avant notre ère. Ils attribuaient les Psaumes à leur roi David, les Proverbes et les autres livres gnomiques à Salomon, etc. Les chrétiens, en acceptant les livres des Juifs, ont accepté aussi ces idées, et elles se sont perpétuées dans l’église catholique, qui n’admettait guère la critique. C’est ainsi que Pascal et Bossuet appellent hardiment le Pentateuque le plus ancien livre du monde. Et c’est ainsi que dans le Dictionnaire de l’Académie, édition de 1835, au mot ORIGINAL, on lisait encore cette phrase : « Le texte original de la Bible, le texte hébreu qui représente le manuscrit de Moïse[1]. » Enfin, tout récemment encore (1888), M. Wallon écrivait dans le Journal des Savans,

  1. La phrase a disparu dans la dernière édition, 1878.