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l’exaltation que produisent les grandes crises, et dont les prophéties mêmes qui nous restent sont le témoignage éclatant. Les premiers disciples de Jésus, enveloppés, pour ainsi dire, de la même température, se sont reconnus dans ces images et se sont appliqué ces versets. Le livre des Actes représente la foule dans Jérusalem, après la descente de l’Esprit saint sur les apôtres, étonnée de ce qu’elle les entend, et disant : « C’est qu’ils sont pleins de vin nouveau. » Mais Pierre prend la parole et dit : « Ces hommes ne sont pas ivres, comme vous le pensez, car il n’est que la troisième heure (neuf heures du matin), mais c’est ce qui a été dit par le prophète Joël, » et il cite le texte qu’on vient de lire (2-13-18).

Enfin le prophète annonce que Jéhova tout à l’heure va convoquer les peuples dans la vallée du jugement, pour prononcer la condamnation de tous les ennemis d’Israël (3-2). C’est Simon et Hvrcan qui ont exécuté ce jugement de leur dieu.

Quand on lit cette apostrophe de Jéhova à Tyr et Sidon et à toute la Phénicie (4-5) : « vous avez pris mon argent et mon or ; vous avez porté dans vos édifices mes joyaux précieux : les enfans de Juda et de Jérusalem, vous les avez vendus aux fils de Javan (c’est-à-dire aux Grecs), » on se rappelle ce passage du Second livre des Maccabées (8-11 et 34), où il est parlé de mille marchands que le général syrien Nicanor avait amenés à son camp pour leur vendre ses prisonniers.

« Il n’y a plus de fête, dit encore Joël, dans la maison de notre dieu (1-16). » Et plus loin (2-17) : « Que les prêtres, ministres de Jéhova, pleurent entre le vestibule et l’autel, et qu’ils s’écrient : Jéhova, épargne ton peuple ; ne permets pas que son héritage soit voué à l’opprobre, pour que les Nations nous insultent ; pourquoi dirait-on parmi les peuples : Où est leur dieu ? » Mais ensuite (3-5) : « Quiconque invoquera le nom de Jéhova sera sauvé, car le salut est sur la montagne de Sion et de Jérusalem. » Et enfin (5-9) : « Jérusalem sera sainte, et les étrangers n’y passeront plus. » Il est clair qu’il ne s’agit pas là d’une invasion de sauterelles, mais de la lutte de Juda contre les Nations, et d’une lutte qui aboutit à sa délivrance.

« Déchirez vos cœurs, et non vos habits (2-13) ; » c’est bien la même langue qu’on a déjà entendue.


Il ne faut pas plus s’en rapporter au préambule d’Amos qu’à celui d’Osée sur la date de ce prophète.

Sa prophétie s’ouvre par des menaces qui ne s’adressent qu’aux ennemis de Juda, sauf un seul verset où il est dit que Juda même aura son châtiment. Le morceau se termine par la condamnation