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THAÏS
CONTE PHILOSOPHIQUE

III.[1]
L’EUPHORBE.

Paphnuce était de retour au saint désert. Il avait pris vers Athribis le bateau qui remontait le Nil pour porter des vivres au monastère de l’abbé Sérapion. Quand il débarqua, ses disciples s’avancèrent au-devant de lui avec de grandes démonstrations de joie. Les uns levaient les bras au ciel ; les autres, prosternés à terre, baisaient les sandales de l’abbé. Car ils savaient déjà ce que le saint avait accompli dans Alexandrie. C’est ainsi que les moines recevaient ordinairement par des voies inconnues et rapides les avis intéressant la sûreté ou la gloire de l’Eglise. Les nouvelles couraient dans le désert avec la rapidité du simoun.

Et tandis que Paphnuce s’enfonçait dans les sables, ses disciples le suivaient en louant le Seigneur. Flavien, qui était l’ancien de ses frères, saisi tout à coup d’un pieux délire, se mit à chanter un cantique inspiré :

« Jour béni ! voici que notre père nous est rendu !

  1. Voyez la Revue du 1er et du 15 juillet.