Page:Revue des Deux Mondes - 1889 - tome 94.djvu/664

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
A PROPOS D'UN LIVRE
SUR
LA FRANCE DU CENTENAIRE


I

Il arrive souvent que, dans les affaires de ce monde, l’accessoire l’emporte sur le principal. Ceux qui avaient imaginé de donner plus d’éclat à la célébration du Centenaire de la révolution de 1789 en l’accompagnant d’une Exposition universelle n’ont pas atteint leur but : le décor était si riche, si magnifique, qu’il a fait oublier la pièce. Ils avaient cru que les gouvernemens étrangers s’empresseraient de se joindre à eux pour célébrer un grand événement, qui est une date mémorable non-seulement dans l’histoire de France, mais dans l’histoire de l’Europe tout entière. Leur gracieuse invitation avait peu de chances d’être acceptée. Les gouvernemens monarchiques ont fait grise mine ; ils ont trouvé singulier qu’on les engageât à fêter un jubilé qui ne leur rappelle que de déplaisans souvenirs, et il fallait une forte dose de cette candeur qui nous distingue entre tous les peuples pour nous flatter de les faire revenir sur leur refus.

En revanche, l’Exposition attire tout l’univers. Les jaloux, les boudeurs, qui avaient déclaré dès le premier jour qu’ils ne viendraient pas, ne laissent pas de venir, et ils avouent que rarement une si belle fête a été donnée au monde ; mais, à quelques exceptions près, ils se soucient peu du Centenaire. On a institué aux Tuileries un musée de la révolution. Si incomplet qu’il soit et