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M. Henriquel, — n’aurait-on pas relevé sans peine des témoignages de talent assez solides pour qu’on dût les signaler publiquement, au grand honneur de l’architecture et de la gravure françaises ?

A la vérité, depuis la suppression des concours décennaux, plusieurs prix d’une importance exceptionnelle par le chiffre de la somme attribuée aux lauréats ont été fondés au nom de l’Etat, notamment sous le second empire. Plus récemment, d’autres donations faites par des particuliers sont venues augmenter les ressources dont l’Académie dispose pour encourager les efforts des jeunes artistes ou pour honorer des talens déjà mûrs : mais, quelle qu’en soit l’utilité, ces diverses fondations ne remplacent pas celle dont Napoléon avait eu la pensée. Elles n’ont pour effet que de récompenser des entreprises toutes spéciales, isolées les unes des autres, accidentelles pour ainsi dire, au lieu de comporter, comme l’institution des prix décennaux, une comparaison d’ensemble entre les chefs-d’œuvre en tout genre, une sorte de récapitulation publique de tous les progrès accomplis. — Mais c’est trop anticiper sur ce qui n’appartient pas à la période dont nous avons à résumer l’histoire : il convient de revenir au moment où les juges du grand concours clos en 1810 ont achevé de remplir leur fonction temporaire pour reprendre leurs fonctions accoutumées et les exercer, sans interruption comme sans trouble, jusqu’à la fin du premier empire.

Les dernières années du règne de Napoléon, en effet, n’amenèrent pour la quatrième classe ni changemens dans les lois qui la régissaient depuis 1803, ni difficultés intérieures ou extérieures dans le règlement des affaires de son ressort. Rapports officiels lus dans les séances publiques annuelles, non-seulement sur les travaux de la classe, mais sur ceux du dehors qui avaient mérité son attention[1], — direction et jugement des concours pour les prix

  1. Pour donner une idée de la variété des questions examinées par la quatrième classe de 1810 à 1814, il suffira de citer parmi les découvertes techniques dont les rapports annuels contiennent des comptes-rendus détaillés : l’invention par les frères Érard d’un piano « infiniment plus sonore que les instrumens antérieurs du même genre, et celle de l’orgue expressif, par M. Grenié, — la composition d’un enduit pour la conservation des monumens, — les perfectionnemens introduits dans les procédés de transport sur toile ou sur un panneau neuf d’une peinture adhérente à un panneau détérioré, — et, parmi les principaux ouvrages sur les beaux-arts : le Traité théorique et pratique de l’art de bâtir, par Rondelet, l’Histoire de l’art par les monumens, de Séroux d’Agincourt, — les Monument français inédits, de Willemin, — les premières livraisons du grand ouvrage de la commission d’Egypte. — le Musée français, de Robillard et Laurent, — plusieurs recueils encore considérables à divers titres. Enfin, les plus importantes publications dues à des artistes ou à des savans étrangers étaient, aussi bien que les œuvres parues en France, mentionnées et appréciées dans ces rapports annuels de la quatrième classe, l’Histoire de la sculpture, par Cicognara. entre autres, et le Voyage de Humboldt aux régions équinoxiales du nouveau continent.