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Le manteau de poil est le même que prit un peu plus tard Jean le Baptiste.

Les cicatrices sont les marques des incisions, des balafres que se faisaient antérieurement les prophètes pour marquer qu’ils ne se possédaient plus, et qu’ils étaient emportés par une espèce de fureur divine. Pour les expliquer, le faux prophète de Zacharie les attribue à des coups qu’il a reçus « dans la maison des siens. » Le mot à mot est : « dans la maison de ceux qui m’aiment. » Cette manière de désigner ses parens, quand il s’agit de coups et de plaies, peut étonner ; mais l’éducation juive était rude, comme en témoigne le livre des Proverbes[1].

Au dernier chapitre (4-2), on voit Jérusalem prise d’assaut et subissant toutes les horreurs accoutumées. (Comparez Josèphe, Antiquités, 14-15-2.) Puis Jéhova, qui a sauvé son peuple des ennemis conjurés contre lui, révèle sa puissance par une manifestation extraordinaire. Le sol s’entr’ouvre, les montagnes se déplacent et les hommes fuient de toutes parts, « comme ils ont fui devant le tremblement de terre au temps d’Osias, roi de Judée (14-5). » Le tremblement de terre du temps d’Osias n’est pas mentionné dans les livres bibliques qui nous restent ; mais celui qu’a vu le Prophète nous est connu encore par Josèphe (Antiquités, 15-5-2). Il se produisit l’année de la bataille d’Actium et causa d’affreux désastres. Le tremblement de terre du règne d’Osias est mentionné aussi dans le préambule du livre d’Amos. Mais ces préambules sont évidemment postérieurs aux livres prophétiques auxquels on les a attachés, et il est probable que cette mention a été empruntée à Zacharie. Les derniers versets célèbrent encore la gloire de Jéhova et de son Temple, où les peuples affluent : « Jéhova est roi dans toute l’étendue du pays ; Jéhova est unique et son nom unique (14-9). » — Et tout ce qui subsiste des Nations qui marchaient contre Jérusalem y monte tous les ans pour adorer Jéhova Sabaoth et pour célébrer la fête des Tentes (14-16)[2]. » — « En ce jour, sur les clochettes des chevaux se verra gravé : Consacré à Jéhova, et les marmites de la maison de Jéhova seront comme des coupes devant l’autel (c’est-à-dire aussi nombreuses). Toute marmite à Jérusalem et en Juda est consacrée à Jéhova Sabaoth. Tous ceux qui viennent sacrifier en prendront et y feront cuire, et en ce jour il n’y aura plus de marchand dans la maison

  1. Prov., 13-24. • Celui qui épargne les verges à son fils est son ennemi ; celui qui l’aime s’applique à le corriger. » Voir aussi, 20-30, sur la vertu qu’ont des coups « qui pénètrent jusqu’aux entrailles. » Et 19-18 : « Châtie ton fils, mais ne t’emporte pas jusqu’à le tuer. »
  2. Sur cette fête, Voir Néhémie, 8, 14.