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conseil detast, pruvost de son ostel et grand preuvost de Franche, et de dame Susane de la Porte, sa femme, demeurant en la rue du Bouloy et ledict enfans fust né le neuvième jour de septembre 1585 : Les parains mesire Armand Gontauld de Biron, chevalier des ordres du roy, conseillier en son conseill detast, capitaigne de cent hommes d’arme de ces ordonanses et maréchal de France, et mesire Jehan Daumon, aussi maréchal de Franche, chevalier des ordres du Roy, conseillier en son conseill detast, capitaine de 1 cent hommes d’arme desdict ordonance. La mareine, dame Françoise de Rochechouart, dame de Richelieu, mère dudict Richelieu. »

Il résulte de ce document que le père et la mère de Richelieu donnaient, à cette époque, comme indication de leur domicile à Paris, la rue du Bouloy. C’est probablement là que Richelieu vit le jour. La proximité de la rue du Bouloy et du futur palais-cardinal explique le rapprochement d’Aubery : « né et mort dans un même hôtel. » Le fait que le maréchal d’Aumont fut l’un de ses parrains se rapporte à ce que dit Baudrand. Il résulte enfin de ce même acte que la marraine de Richelieu fut sa grand-mère, Françoise de Rochechouart. Il fallut lui laisser le temps de venir du Poitou.

La présence de la famille de Richelieu à Paris, vers l’époque de la naissance, n’a rien qui puisse étonner. Les fonctions du grand-prévôt l’appelaient à résider, le plus souvent, auprès du roi. En outre, dans cette année 1585, il faisait les démarches pour l’enquête qui devait précéder sa réception dans l’ordre du Saint-Esprit. Mme de Richelieu paraît avoir rempli aussi quelque charge à la cour. On ne peut accepter que sous ces réserves le témoignage d’un contemporain disant « qu’ils faisaient leur résidence habituelle à Richelieu. »


Quoi qu’il en soit, la mort du grand-prévôt ramena, comme nous l’avons dit, Mme de Richelieu dans le Poitou. C’est là que l’enfant passa ses premières années.

Il avait cinq ans quand son père mourut, en 1590. Sa santé fut toujours délicate. Cependant il fut mis de bonne heure à l’étude. Son premier maître fût un prieur de l’abbaye Saint-Florent de Saumur qui s’appelait Hardy Guillot. Il était bon, grand donneur d’aumônes et son nom devait rester en vénération auprès des frères du couvent.

Mais les élémens d’une instruction quelque peu étendue manquaient dans ce château isolé. Dès que l’enfant eut grandi et que les temps furent devenus moins sombres, son oncle, Amador de La forte, offrit à Mme de Richelieu ; « qu’il avoit fort assisté dans sa viduité » de se charger de lui. Il l’amena à Paris et le fit entrer au collège de Navarre, où il l’entretint.