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que deux grands établissemens financiers du royaume, la Banque d’Escompte et des soies à Turin, et la banque Tiberine à Rome, compromis depuis longtemps par d’imprudentes avances en affaires immobilières, étaient sur le point de suspendre leurs paiemens. Invitée discrètement par le gouvernement à venir en aide aux institutions menacées, la Banque nationale d’Italie ne parut se préparer qu’avec une grande tiédeur à cette œuvre de sauvetage. Elle s’entendit cependant en principe, avec la Banque de Naples, en vue d’une avance à effectuer en commun, au montant de 16 millions. Bientôt on jugea que les garanties offertes étaient insuffisantes, la Banque de Naples se récusa, la Banque nationale ajourna sa décision à la fin du mois. Dans l’intervalle les deux banques en péril durent succomber et la suspension de paiemens devint effective. On cherche maintenant en Italie à faire la part du feu, et à empêcher le désastre d’atteindre d’autres établissemens dont la situation n’est pas beaucoup plus solide.

La rente italienne fut affectée, dans une certaine mesure, par la baisse dont étaient frappées les autres valeurs du royaume, et la crise de Turin défraya pendant plusieurs jours les conversations dans les rangs encore clairsemés des visiteurs et cliens habituels de la Bourse.

D’autres rumeurs alarmantes commencèrent à circuler. Le petit roi d’Espagne était malade ; la Bulgarie allait se proclamer royaume indépendant ; la Serbie s’inquiétait des armemens bulgares ; enfin le tsar ne se décidait pas à rendre la visite qu’avait faite l’an dernier, à Saint-Pétersbourg, l’héritier de Frédéric III.

A un point de vue plus spécial, le marché de Londres envoyait aussi des informations de nature à exercer une action défavorable sur la tenue des cours. Une première élévation du taux de l’escompte de 2 1/2 à 3 pour 100, il y a trois semaines, avait passé à peu près inaperçue. Il n’en pouvait être de même de l’élévation nouvelle, décrétée jeudi, de 3 pour cent à 4 pour 100.

Cette mesure, bien que prévue, ne resta pas sans influence sur le marché. La hausse, privée de tous ses points d’appui, ne pouvait se poursuivre. Déjà le 3 pour 100 avait été ramené peu à peu par des réalisations constantes, de 85.95 à 85.60. Quelques offres plus vives firent coter, le jeudi 29, le cours de 85.42, et le lendemain celui de 85.37. Le dernier prix, à la veille de la réponse des primes, a été 85.42. Ainsi s’est trouvée reperdue, et au-delà, toute l’avance obtenue par les haussiers au commencement de la seconde quinzaine. La liquidation se trouve probablement fort avancée par ce recul des derniers jours, et les cours subiront, selon toute vraisemblance, peu de variations jusqu’aux élections générales fixées par décret présidentiel au 22 septembre.

L’Italien, qui avait été porté de 92.90 à 93.32, a été ramené