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La spéculation s’est remise, d’ailleurs, très vite de cette alarme, et les idées de hausse ont de nouveau prévalu. Le 3 pour 100 français, qui avait été ramené de 86.25 à 85.90, s’est déjà relevé à 86.40, l’Amortissable vaut 90 francs et le 4 1/2, 104.60. Un coupon trimestriel de 0 fr. 75 sera détaché, lundi 16, sur le 3 pour 100, et, le 1er octobre, sur l’Amortissable.

L’Italien reste, pour la quinzaine, comme il a été ci-dessus, en réaction de 0 fr. 75, à 92 francs. Tous les autres fonds sont en grande hausse.

Le Russe 1880 a gagné près d’une unité à 92.50, les Consolidés autant à 9145, le Hongrois une demi-unité à 85.15, l’Extérieure une unité à 74.20, le Portugais plus de deux points à 67.90. Il est fort probable qu’il a été opéré d’assez nombreux arbitrages entre l’Italien et les autres fonds, les considérations politiques étant venues se joindre aux motifs d’ordre purement financier pour encourager ce mouvement.

L’Unifiée d’Egypte a été portée de 452 à 462, le Turc même a gagné pendant la première partie du mois toute la valeur du coupon semestriel de 0 fr. 50 détaché le 13 courant. Les acheteurs n’ont tenu aucun compte, d’une foule de rumeurs mises en circulation sur les prétendus préparatifs de la Serbie et de la Bulgarie à une guerre prochaine. Toutefois, il est probable que la hausse des valeurs ottomanes eût pris une allure plus décidée encore, si les journaux anglais n’avaient présenté un tableau si alarmant de la situation actuelle dans la péninsule balkanique. L’obligation ottomane des douanes a été portée de 363.75 à 368.75, les actions de la Régie des tabacs de 497.50 à 515, celles de la Banque ottomane de 521.25 à 533.75, les lots turcs de 62 à 66.

Les valeurs argentines ont fortement baissé. Le 5 pour 100 1886 a reculé de 482.50 à 475, l’obligation des chemins de fer argentins de 433 à 402. Les porteurs de ces titres ont été effrayés de voir s’élever si rapidement l’agio de l’or à Buenos-Ayres. Il y a quelques jours encore, la prime de l’or était de 80 à 85 1/2. Elle a été portée subitement à 100 et reste à 98. Cette crise monétaire n’arrêtera vraisemblablement pas l’essor de la prospérité de la République Argentine, mais elle va soumettre à une redoutable épreuve son crédit à l’extérieur. Il s’agit de savoir si l’Etat fédéral et les provinces auront à la fois la volonté et les moyens de faire strictement honneur à leurs engagemens et continueront le paiement régulier, en or, du service d’intérêt et d’amortissement sur les trop nombreux emprunts contractés depuis deux ou trois ans.

Plus heureux que la république voisine, l’empire du Brésil vient de conclure avec un groupe financier d’Europe une importante opération dont l’objet est la disparition du papier-monnaie brésilien. Ce papier-monnaie, qui d’ailleurs est au pair, ne doit cependant pas gêner le