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l’attention sur le sujet traité par M. Falsan et recommander son livre aux penseurs, aux savans, aux curieux mêmes, à tous ceux enfin que le désir de connaître et le besoin de réfléchir entraînent vers la contemplation des perspectives nouvelles qui souvient de toutes parts, comme l’aube d’un jour encore incertain, mais destiné à nous éblouir bientôt de sa radieuse clarté ?


I

Ce qui intéresse dans l’œuvre très condensée de M. Falsan, c’est que, loin de chercher les effets de théâtre, loin de s’attacher à ces changemens à vue pour lesquels on se sentait du faible autrefois quand on se figurait la nature année d’une baguette magique, multipliant les déluges, faisant intervenir la chaleur et le froid à la façon de forces ennemies se combattant, se poursuivant, entraînant à leur suite des populations antagonistes d’animaux et de plantes, le savant lyonnais se préoccupe avant tout de définir l’origine du phénomène décrit par lui. A ses yeux, quelque grandiose qu’ait été le « processus glaciaire, » et personne n’était mieux porté que l’explorateur passionné de l’ancien glacier du Rhône à en faire ressortir les proportions colossales, à ses yeux, le phénomène tout entier relève, à titre de conséquence, d’une cause générale. Il a été gouverné par une impulsion dont l’origine remonte à la constitution même du système solaire. Cette cause à laquelle sont dues les roches d’eau solide et cristalline qui forment les glaciers, c’est dans le soleil, c’est dans l’excès de chaleur et les effets de cette chaleur, rayonnant sur le globe terrestre, qu’il convient de la chercher. Là certainement est le côté original des déductions de M. Falsan : cette façon de considérer la glace et les glaciers, par suite leur extension momentanée, il n’en est pas assurément l’inventeur ; mais il a le mérite incontestable de l’avoir saisie et développée, d’en avoir fait la base et la conclusion de ses études sur la période dont il vient de nous tracer l’histoire. — Quel est le principe et le lien qui rattachent La période glaciaire à la cosmogonie, qui obligent d’avoir recours, pour l’expliquer, à l’action du soleil, comme à une source permanente, à un foyer toujours actif de lumière et de chaleur ? Ce principe est celui qui a présidé à la marche même de la chaleur, qui, après lui avoir donné naissance, a gouverné son intensité, et, après l’avoir fait croître, a entraîné sa décroissance, en déterminant son rôle vis-à-vis des élémens, d’abord raréfiés et gazeux, puis graduellement condensés, qui ont formé notre’ planète. — Toutes les substances matérielles passent effectivement ou du moins se présentent sous trois états : gazeux, liquide, finalement solide, soit que ces substances demeurent