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qui procédait du Mont-Blanc et que M. Falsan a choisi comme type de son étude. Le phénomène, quand il eut pris naissance, à l’exemple de la plupart de ceux dont il a été question jusqu’ici, progressa lentement, mais aussi ne s’arrêta pas, une fois inauguré. Originairement au moins, il ne semble avoir apporté aucun trouble à la marche insensible, mais destinée à ne jamais subir d’arrêt ni de recul, de l’abaissement des climats, de la dégradation lente, mais inexorable, de la température, qui devait aboutir à l’exclusion de tant de végétaux éliminés du centre ou du midi de l’Europe, tout en en épargnant quelques-uns çà et là, à titre d’épaves et de vestiges, menacés de disparition et persistant malgré tout sur certains points du littoral méditerranéen.


II

Nous voyons maintenant comme tout se lie, depuis la distribution en anneaux planétaires des élémens de la nébuleuse et la première ébauche du noyau central, jusqu’aux dernières contractions de l’orbite solaire. Les phénomènes se suivent et s’enchaînent dans une étroite dépendance les uns des autres. Ils tendent et par la raréfaction de l’atmosphère et par l’élévation croissante des sommets et par les conséquences extrêmes de l’obliquité des radiations vers les pôles, à l’établissement des saisons, puis à la différenciation des climats par zones, finalement à la naissance du froid, soit polaire, soit altitudinaire ; et ce froid, comment vint-il à se manifester sinon par la conversion en neige, puis en glace d’un élément jusqu’alors demeuré liquide, mais influencé jusqu’à la congélation dans deux sortes d’endroits ou régions, jouant le rôle de « condenseur : » de là, en dernière analyse, les glaciers. Ceux-ci, une fois formés, s’étendront inévitablement et sur une échelle d’autant plus vaste que les conditions auxquelles ils doivent leur origine seront plus favorables à cette extension. Autour des pôles, où le froid altitudinaire se combine avec celui qu’engendre la latitude, elle aboutira à la constitution d’une calotte presque continue de masses glacées, ne laissant en dehors d’elle qu’un petit nombre de points et, à la vie, que de rares et étroites stations qui lui permettent de persister. De plus, les glaces polaires, lorsqu’elles auront pris possession de leur domaine, comme au Groenland, au Spitzberg et ailleurs, pourront bien osciller dans certaines limites, mais sans jamais être véritablement refoulées. Ailleurs, au contraire, sur les montagnes des pays naturellement tempérés, là où l’altitude seule permet à la glace de devenir permanente, son extension à l’état de glaciers et les retraits possibles de ces mêmes glaciers tiennent à des causes ou facteurs soumis à des lois plus complexes : de là, tout un