Page:Revue des Deux Mondes - 1889 - tome 95.djvu/693

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

majeure partie de la section. Nos principales entreprises industrielles, nos grandes compagnies, et, à côté d’elles, quelques maisons de commerce plus modestes, ont tenu à honneur de publier ici les mesures qu’elles prennent depuis un quart de siècle, — quelquefois plus, souvenu beaucoup moins, — pour améliorer la condition morale et matérielle de leurs ouvriers. Les unes. Montrent des résultats, les autres de la bonne volonté, les plus paresseuses… du respect humain, et c’est déjà un symptôme. Les combinaisons varient avec les localités, avec les habitudes des patrons et de leurs employés : on peut les ramener toutes à quelques types connus : maisons ouvrières données en loyer à bas prix et parfois en nue-propriété au bout d’un certain laps de temps, caisses de retraite pour la vieillesse, assurances contre les accidens, primes, écoles, assistance hospitalière. Pour la plupart de ces institutions, il est doux et triste de le constater ; l’exemple est venu d’Alsace ; le germe de la réforme sociale, c’est le legs de la bonne âme partie. Mulhouse fut un loyer de rayonnement. Pour la France ; le nom vénéré de M. Jean Dollfus se retrouve à l’origine dans tous les essais pratiques. C’est encore un Alsacien, M. Lederlin, qui expose à l’Esplanade le modèle d’exploitation industrielle le plus satisfaisant. M. Lederlin a repassé les Vosges pour transporter à Thaon de grands ateliers de teinturerie. Il trouva dans cette localité, en 1872, un pauvre village de 690 âmes ; aujourd’hui, les maisons avenantes de la cité ouvrière renferment 3,400 habitans, dotés de tous les services désirables pour l’hygiène de l’esprit et du corps. Thaon serait une petite Salente, s’il faut en croire les chiffres donnés par les comptes-rendus pour les naissances légitimes, la mortalité, les salaires, le coefficient de stabilité. Les économistes appellent ainsi le chiffre qui représente le nombre moyen d’année de séjour du personnel dans un atelier. Ils estiment que c’est là le meilleur thermomètre pour apprécier la bonne tenue d’un établissement industriel. La plupart des diagrammes sont dressés de façon à ce que le coefficient frappe l’œil tout d’abord. Plus il est élevé, plus la prévention est favorable à la maison qui sait retenir ses ouvriers.

Le Creusot, Anzin, Montceau-les-Mines font bonne figure, surtout par leur souci des logemens ouvriers. Je nomme ces grands centres de notre industrie eut raison de leur notoriété universelle ; je m’abstiendrai de citer d’autres noms parmi les nombreux exposans du groupe. Les diagrammes et les notices ne disent pas tout ; il faudrait les contrôler par une étude sur place, pour apprécier les prétentions de chacun à représenter le dernier mot du progrès. D’ailleurs il ne s’agit, pas ici de louer des héros. On se ferait une conception bien erronée du sujet qui nous occupe, si l’on vantait