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l’intérieur et à l’extérieur, a fait de grands progrès. Nombre d’industries nouvelles ont surgi dans ce pays, où le sol et le climat se prêtent merveilleusement à tous les genres de productions, où les matières premières les plus dissemblables sont réunies. Mais, si favorisé qu’il soit de la nature, le Mexique a deux périls à redouter : à l’intérieur, les soulèvemens et les pronunciamientos militaires ; à l’extérieur, le redoutable voisinage de la grande république des États-Unis. C’est à les conjurer que doivent tendre les patriotiques efforts de ses hommes d’état.

Guatemala, la plus peuplée des cinq républiques de l’Amérique centrale, a construit, à l’Exposition du Champ de Mars, un véritable petit palais en bois. Les visiteurs y affluent, attirés par un effet décoratif du meilleur goût, retenus par un étalage savant des richesses exposées. Dans la salle centrale, d’élégantes statuettes font apparaître aux yeux les types originaux et variés des Indiens et des résidens, leurs costumes pittoresques, leurs attitudes d’un fin modelé. À gauche, des étoffes éclatantes, des ponchos aux riches couleurs qu’affectionnent les habitans des zones tropicales, des tissus de soie, de laine et de coton artistement drapés ; à droite, un diorama où revivent la faune et la flore du pays, orchidées éblouissantes, aux formes étranges, oiseaux merveilleux, insectes bizarres et fantastiques, collection due aux patientes recherches de M. Boucard, l’un de nos compatriotes. Tout cela baigne dans une lumière bleue, dans un cadre magique fait de soleil, de chaleur et d’exubérante végétation. Puis des sacs de café, principale richesse du pays, café à l’arôme exquis, de cacao, sucre, caoutchouc, cochenille, des bois d’ébénisterie, notamment le cogote de Fraile, aux veines riches et capricieuses, dont un artiste habile a su obtenir de curieux effets.

Pour beaucoup de visiteurs, cette exposition du Guatemala, en faveur de laquelle les chambres ont ouvert un crédit de 250,000 fr., est une révélation inattendue des richesses de ce pays, richesses scientifiques et industrielles ; c’est aussi un succès dont le Guatemala peut être fier.

La plus petite de ces républiques, mais aussi l’une des plus industrieuses et des plus riches, San-Salvador, que le Guatemala et le Honduras isolent de l’Atlantique et qui n’a de port que sur l’Océan-Pacifique, a tenu à honneur de participer officiellement à l’Exposition de 1889. « Cette Exposition n’est pas uniquement, dit l’exposé des motifs du projet de loi, un fait économique et industriel ; elle représente une pensée de confraternité, et le San-Salvador entend, en faisant acte d’adhésion et de présence, témoigner de sa sympathie pour la France, cette nation qui marche à la tête des races latines. »