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noirs. — Substitution de travaux et d’un trafic honnête à la traite des esclaves. — Empêcher l’introduction des armes et des munitions par les Arabes. — Empêcher l’introduction des spiritueux pour les noirs. — Emploi de la force par les gouvernemens. — Est-elle nécessaire ? — Chaque état doit-il se borner à agir sur les territoires placés dans sa sphère d’influence ? Vaudrait-il mieux combiner sur certains points une action collective ? — Emploi de la force par l’initiative privée ? — Chefs volontaires isolés, avec troupes indigènes ? — Corps de volontaires ? — Milices religieuses chargées de protéger les routes commerciales et d’ouvrir des asiles fortifiés et approvisionnés ?

3° De l’action en Europe : moyens pratiques d’amener le gouvernement musulman à supprimer le marché d’esclaves. — Mesures pour procurer aux associations antiesclavagistes les moyens nécessaires. — Quête universelle comme autrefois pour les Lieux-Saints et les Croisades. — Constitution d’une commission permanente.

4° Opinion publique : moyens les plus efficaces d’agir sur l’opinion, revues et journaux existans ; publications existant en dehors des bulletins de la Société. — Conférences spéciales. — Concours littéraires.

Ce programme si chargé n’a pu être discuté à Lucerne pour divers motifs : maladie subite de l’Imminence, état des esprits en France aux approches des élections législatives. Il y avait d’autres raisons qu’on n’a pas dites et que chacun soupçonnait. Il y eût été certainement parlé de ce qui s’est passé de grave en Afrique depuis un an environ. On y eût récriminé contre le blocus de Zanzibar, qui a ruiné le peu de commerce honnête qui s’y faisait, laissé le sultan sans autorité sur la terre ferme, et mis en péril de mort les Européens qui se trouvent sans protection dans l’intérieur. On se serait plaint de la façon dont les nègres, capturés par les Anglais à bord des boutres arabes, avaient été dirigés sur l’île de Pemba avec interdiction d’en sortir, et cela, pour faire profiter les sujets indiens de l’Angleterre du grand commerce des girofles qui se fait dans cette île sur une grande échelle. Les représentans de l’Allemagne au congrès auraient fait remarquer avec aigreur que l’Angleterre ne s’était immiscée au blocus que pour mieux gêner l’action des Allemands, et que son intrusion avait changé une grande idée, celle de l’abolition de la traite, en une mesquine question de rivalité coloniale. Les Anglais auraient répliqué que la flotte allemande, bombardant sans nécessité quelques villages arabes du littoral, à seule fin sans doute d’exercer le tir de son artillerie, avait eu grand tort, et que la campagne du capitaine Wissmann