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aujourd’hui comprise par les classes éclairées. Elles en ont imposé le souci aux administrations, au chef de l’État lui-même.

Les expositions scientifiques ont un caractère spécial. Elles n’ont pas pour mission d’éblouir et de charmer, mais d’instruire et de convaincre. Le côté industriel et commercial y cède le pas à l’élément didactique. Du reste, les grandes expositions décennales ont pris elles-mêmes un aspect de plus en plus sérieux. Ce n’était, au début, qu’un étalage de marchandises, qu’un grand bazar doublé d’une usine, où les arts ne jouaient qu’un rôle purement décoratif. C’est ainsi du moins que l’Exposition de 1855 m’apparaît à travers mes souvenirs. Depuis cette époque, les autres manifestations de l’activité humaine sont venues tour à tour réclamer leur place dans ces concours internationaux et en changer le caractère. Ce n’est plus seulement le sentiment de la richesse accrue qui s’en dégage, c’est surtout celui du progrès accompli.

Cette transformation vient de la prépondérance que les sciences y ont acquise, et, pour s’y faire une pareille place, elles ont eu plus d’une difficulté à vaincre. Il ne leur suffisait pas en effet de montrer leurs instrumens, leurs appareils et même de les faire fonctionner en public, il fallait encore trouver le moyen de parler aux yeux, de rendre sensibles les idées et les faits révélés par ces instrumens. Alors, les photographies, les croquis, les gravures, les maquettes, les plans en relief sont venus prendre, dans les galeries, la place des objets que leurs dimensions ne permettaient pas d’y faire entrer. Les cartogrammes, les diagrammes, les tableaux statistiques ont permis de traduire, par des lignes ou par des nuances de coloration, les notions abstraites de l’économie politique et de la science sociale. Ils ont mis le public à même de saisir, d’un coup d’œil, les combinaisons financières sur lesquelles reposent les associations coopératives, les institutions patronales, les sociétés de secours, les caisses de retraite et les assurances sur la vie.

L’hygiène a bénéficié de ces différens modes d’expression, et la part s’y est faite de plus en plus large aux œuvres de la pensée. Elle a su, en France du moins, éviter un écueil qui eût pu compromettre sa dignité et ses véritables intérêts, celui de tomber dans l’industrialisme et dans la réclame commerciale. En 1889, comme en 1886, à l’esplanade des Invalides comme à la caserne Lobau, la science a tenu le charlatanisme à l’écart.

Cette année, et pour la première fois, l’Hygiène et l’Assistance publique sont réunies à l’Exposition, comme elles le sont au ministère de l’intérieur. Elles font partie du VIe groupe et forment la classe 64. Les objets qui intéressent la santé publique sont un peu