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l’agriculture et de la justice ; la majorité se composait de grands ou petits propriétaires et d’avocats. Les comités des finances et des affaires étrangères, visés par les anciens parlementaires, étaient à peu près au complet. Les autres avaient à peine la moitié des inscriptions nécessaires.

En présence de cette situation, le bureau avait dû se livrer à un travail des plus difficiles et des plus délicats, distribuer entre les comités pauvres l’excès de clientèle des comités riches, départir nombre d’agriculteurs et d’avocats aux comités de la marine, de la guerre, de l’instruction publique, du commerce et du travail. Cette distribution avait été faite avec une hâte fâcheuse. Le bureau ne connaissait pas les aptitudes de la plupart des membres de l’assemblée. Il avait, d’autre part, été l’objet de sollicitations très vives de la part des anciens députés qui invoquaient leur compétence spéciale pour telle ou telle matière et qu’il convenait de ménager en raison de leur influence.

Des réclamations s’élevèrent de tous les côtés. On se plaignit que plusieurs comités eussent été habilement envahis par certains groupes et fermés à d’autres. Des manufacturiers qui avaient demandé à être du comité du travail signalèrent) qu’on leur avait préféré M. de Falloux, dont la place était ailleurs. Des gens qui ne s’étaient jamais occupés que de procédure reprochèrent au bureau de les avoir envoyés à la marine, pour laquelle ils n’avaient aucune compétence.

Sénart avoua avec humilité que le bureau avait été obligé de faire ses exclusions dans l’inconnu, mais qu’il avait été pressé par le temps. Un grand nombre de propositions de décrets et de lois déjà déposées attendaient. On avait couru au plus pressé et constitué les comités de législation, d’agriculture, de finances et du travail. Pour les autres, qu’on avait dû composer tant bien que mal, Sénart demandait du temps, la liberté d’ouvrir une sorte d’enquête dans les bureaux, et provisoirement, au moins pour un ou deux mois, la faculté de ne pas imposer aux comités le nombre de soixante membres.

La question fut renvoyée à la commission, qui, deux jours plus tard, sans même observer les propres prescriptions de son règlement, vint proposer d’arranger l’affaire en dédoublant le comité de justice et de législation, ce qui permettait de contenter cent vingt députés avocats et en réunissant au contraire l’Algérie et les colonies dans un seul comité.

Cet expédient ne répondait à aucun des reproches adressés au système de recrutement adopté, mais il enterrait la question. Comme les personnages les plus importans avaient obtenu d’être