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L’Algérie offre aux visiteurs, dans son splendide pavillon, ses vins ronges si francs, si caractérisés, ses vins blancs qui imitent le Xérès et le Marsala. Depuis cinq ans, elle a triplé l’étendue de ses vignobles ; ses produits, qui suffisaient à peine autrefois aux besoins de la colonie, traversent maintenant la Méditerranée et entrent, pour une part notable, dans la consommation de la mère patrie[1].

La Perse a envoyé, au Champ de Mars, ses vins parfumés, qui ne sont guère connus que dans l’extrême Orient. Le Japon se fait remarquer par l’originalité de ses flacons et de ses étiquettes. L’Angleterre offre aux passons les dix variétés de ses vins du Cap de Bonne-Espérance, où les Français ont planté les premiers ceps, et verse à tout venant le Read’-Comlantia, a raison de 0 fr. 50 le verre. L’Amérique est entrée en lice, pour la première fois, avec les vins de la Californie qui s’intitulent sans façon : Sauterne, Malaga, Claret californiens. Le Chili expose, dans son élégant pavillon, les vins qu’il fournit aujourd’hui à tout le littoral du Pacifique. Le Brésil et la République Argentine font également figurer leurs vins blancs et leurs vins rouges, dans leurs expositions respectives. Citons enfin, pour terminer cette revue, les dix crus de l’Australie, qui ont obtenu, dit-on, le plus grand succès, lors de la visite présidentielle du 12 juillet.

L’extension que la culture du raisin a prise et dont l’Exposition donne la mesure, s’est produite depuis l’invasion de nos cépages par le phylloxéra. Lorsque les vins de France sont venus à manquer, on a planté de la vigne partout où elle pouvait pousser. Aujourd’hui, c’est un fait accompli, et maintenant que nos vignobles vont se repeuplant, il faut que nous comptions avec cette concurrence. L’hygiène ne peut que s’en féliciter. Le vin est la plus salubre des boissons fermentées. Il est utile aux faibles, aux convalescens, comme aux travailleurs. On ne saurait donc trop encourager la culture de la vigne. C’est le meilleur moyen de prévenir les dangereuses falsifications dont le vin est devenu l’objet depuis qu’il est rare. Le jury des récompenses l’a compris, et il en a donné la prouve par la libéralité avec laquelle il a traité la classe 73 (Boissons fermentées). Les distinctions dont elle a été l’objet remplissent cinquante-huit colonnes du Journal officiel. Les vins seuls ont obtenu 15 grands prix, 500 médailles d’or, 1,250 d’argent, 600 de bronze et 800 mentions honorables. La France figure sans doute, dans cette distribution, pour la plus large part ; mais toutes les nations que j’ai citées plus haut ont eu des récompenses. Le jury a prouvé

  1. En 1884, la récolte a été de 806,200 hectolitres ; en 1888, de 2,728,000 hectolitres, la production totale de la France étant cette année-là de 23,909,000 hectolitres.