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et rentrer dans son domaine, où nous n’avons pas encore mis le pied.


III

Les hôtels construits avec luxe dans les quartiers aristocratiques ne laissent rien à désirer sous le rapport de la salubrité ; aussi l’hygiène ne s’en préoccupe-t-elle pas. Elle réserve tout son intérêt pour les demeures plus modestes, pour le logis de l’ouvrier, pour la maison du petit bourgeois, et pour celle du paysan. Les habitations rurales ne sont représentées à l’exposition que par les fermes en miniature qui figurent avec leur matériel d’exploitation, leur bétail, et leur personnel dans le groupe de l’agriculture. Celles-là ne nous apprennent rien. Il en est tout autrement des deux autres catégories.

Le fond de remplacement consacré à l’économie sociale est occupé par une série de maisonnettes construites par des compagnies ou par des directeurs d’usines sur le modèle qu’ils ont adopté pour loger leurs ouvriers.

L’usine Ménier, à Noisiel, a reproduit une de ces maisons à deux logemens isolés. Elle se compose d’un rez-de-chaussée sur cave, d’un premier étage et d’un grenier, d’un hangar pour la lessive et de water-closets à fosse mobile. Le tout coûte six mille francs à construire ; mais la maison Ménier n’en fait pas une spéculation. Elle loue ses logemens à des prix très modérés ; seulement, elle ne veut pas que l’ouvrier puisse en devenir acquéreur, parce qu’elle tient à rester maîtresse de ses immeubles. A côté de cette maison, se trouve celle de M. Fanien fils aîné, de Lilliers (Pas-de-Calais), qui contient cinq pièces ; puis la maisonnette de la Société de la vieille-Montagne et celle de la Compagnie des mines d’Anzin. Cette dernière renferme quatre pièces avec jardin, hangar et cabinet d’aisances ; cette petite rue est complétée par les deux maisons ouvrières de Naeyer et Cie, qui sont semblables à celles que cette société a élevées pour le& ouvriers de ses usines de Willebroek, en Belgique, et qui ressemblent beaucoup à celles de la Société des mines d’Anzin. Les ouvriers en deviennent propriétaires au bout de dix-huit ans, moyennant un loyer de 15 francs par mois qui représente un intérêt de 3 pour 100 et un amortissement de 4 pour 100. Cette somme de 180 francs par an est notablement inférieure à celle que coûte un logement équivalent dans une maison ordinaire.

Les petites constructions élevées dans l’enceinte de l’Économie sociale sont des modèles de confortable et de salubrité. Elles