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attention non exempte de sollicitude l’état du marché de Berlin. Cette place supporte depuis plusieurs mois des engagemens considérables à la hausse sur une quantité de valeurs industrielles locales, principalement des actions de houillères et d’entreprises métallurgiques. De plus, elle s’est chargée de fonds argentins, mexicains, chiliens, et aussi de titres turcs, portugais et espagnols ; nous ne parlons ni des fonds russes, ni des valeurs austro-hongroises auxquels elle est restée intéressée. Enfin, elle a assumé la défense du crédit de l’Italie en absorbant successivement ses émissions d’obligations de chemins de fer et en soutenant énergiquement les cours de sa rente.

Les journaux anglais ont prédit depuis longtemps qu’à se charger ainsi toujours davantage, la spéculation berlinoise marchait à un krach, et plusieurs n’étaient pas éloignés de croire que la catastrophe ne pourrait être évitée lors de la liquidation de novembre. Ces fâcheux pronostics ne se sont pas réalisés, et les faits depuis deux ou trois jours leur donnent un démenti formel. Les banques allemandes sont venues largement en aide à la spéculation, et, bien que les taux de report aient été fort élevés, atteignant 7, 8 et 9 pour 100, les acheteurs ont maintenu leurs positions, et la hausse a prévalu contre tous les obstacles. L’Italien, en trois ou quatre bourses, a été porté de 94 à 95 francs et au-dessus. Les fonds russes avec les roubles ont suivi, entraînant à leur tour le Hongrois, et soutenant même le Turc et l’Unifiée. Les valeurs houillères et métallurgiques restent à leurs cours les plus élevés, grâce à l’élévation croissante des prix du charbon et du fer. Ainsi a été enrayée toute dépréciation sur l’ensemble de la cote.

Comme la place de Londres, de son côté, avait fait déjà très bonne contenance, le marché de Paris, délivré de ses appréhensions, a suivi l’impulsion donnée, mais sans tomber dans aucune exagération. La rente française 3 pour 100 et le 4 1/2, après avoir reculé de 0 fr. 15 à 0 fr. 20 sur l’affaire du Brésil, ont simplement repris leurs cours du milieu du mois, 87.70 et 105.25. L’Amortissable a été un peu plus agité et reste à 91.45 après 91.80 et 91 francs.

La Banque de France, sur laquelle s’était établie une spéculation fort aventureuse, visant soit des bénéfices exceptionnels fondés sur une élévation du taux de l’escompte qui ne s’est pas produite, soit un prompt renouvellement du privilège, a reculé de 4,275 à 4,140. C’est la seule institution de crédit, avec la Banque de Paris, qui ait été l’objet de variations d’une certaine importance. Le Crédit foncier a baissé de 1,310 à 1,301.25 et revient à 1,308.75. Le Gaz, à 1, 437.50, gagne environ 15 francs. Le Nord, après avoir reculé à 1,762.50, s’est relevé à 1,777.50, cours où il se tenait il y a quinze jours.

Le Comptoir national d’escompte a doublé son capital conformément