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ponts-levis, ponts, fontaines, en général tout ce qui regardait la décoration et la salubrité de la ville ; commander la milice, surveiller les quarteniers, maintenir l’ordre, de concert avec le prévôt de Paris, réglementer la police du fleuve, prendre soin des pauvres, délivrer les lettres de bourgeoisie, veiller aux intérêts commerciaux ou industriels, présider aux délibérations importantes des grands corps de marchands et donner son avis au parlement sur les affaires concernant les métiers, garantir le paiement des rentes de l’Hôtel de Ville, organiser les cérémonies publiques, telles étaient les principales fonctions du prévôt des marchands. »

On le voyait figurer dans les cérémonies publiques, vêtu de rouge cramoisi, avec ceinture, boutons et cordon d’or, le manteau et la toque mi-partis rouge et brun, monté sur un cheval dont la bride était d’or, selon le privilège des chevaliers. Les échevins étaient également en robe de velours mi-partie, avec bonnet à cordon d’or. Les conseillers portaient la robe de satin noir et les quarteniers la robe de damas noir. Les sergens, en robe mi-partie, avaient, brodé sur l’épaule, le vaisseau d’argent, blason de la ville. Et c’est ainsi que ce corps municipal marchait, dans les grandes cérémonies, processions, réceptions et entrées des princes, précédant le défilé des syndics de métiers, qui, eux aussi, en costumes de miniatures, faisaient assaut de dépenses pour honorer à la fois leur corporation, leur ville et le roi, dont ils étaient les dévots et fidèles sujets.

On pense bien que dans la Ville, tout comme dans l’Université et dans la Cité, les églises ne manquaient pas. Tous les saints du calendrier y passaient. Il y en avait beaucoup de petites, de simples chapelles ; mais il y en avait aussi de très vénérables et de très imposantes : c’était Saint-Jean-en-Grève et le Saint-Esprit ; Saint-Merry et Saint-Leu, Saint-Nicolas-des-Champs, Saint-Julien-des-Ménétriers, Saint-Jacques-la-Boucherie, Saint-Leufroy, Saint-Germain-le-Vieil, Saint-Germain-l’Auxerrois, les Saints-Innocens, avec leur cimetière et leur charnier pestilentiel ; enfin Saint-Eustache, qu’on était en train de construire près des Halles.

Ce qu’on appelait les halles ne formait pas un édifice spécial ; c’était tout un quartier où les noms des rues, — rue de la Toilerie, rue de la Cordonnerie, rue de la Poterie, rue de la Friperie, — indiquaient la nature des divers commerces qui y étaient exercés. La halle à la marée, la halle au blé, la halle aux draps, les vieilles halles de Philippe-Auguste abritaient, sous leur antique arcade, une population active, bruyante, qui tenait une grande place dans la vie ordinaire du Paris d’alors et dessinait un des traits de son caractère. Au milieu de ce peuple, le pilori des Halles