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terre dont les filets et les pattes, seuls, sont accommodés à une sauce blanche).

Pour clore l’énoncé de toutes les ressources agricoles du pays le plus favorisé par la diversité des climats et des altitudes, nous avons réservé le produit animal qui joue un double rôle, l’un des non moins importans, dans l’alimentation et l’industrie des hommes. Il ne s’agit pas du porc qui a été l’une des principales sources de richesses pour le producteur et l’industriel américains ; il a eu ses beaux jours, et Chicago entre autres, le siège de la future exposition internationale de 1892-1893 au-delà de l’Atlantique, lui doit, comme l’état entier de l’Illinois, splendeur et fortune. Il suffirait de citer la maison Amour, une des gloires de l’heureuse rivale de New-York, qui traitait jadis 10,000 porcs par jour. Celle-ci est restée solide et debout : mais combien d’autres établissemens similaires ont succombé, depuis que la France a eu la prévoyance égoïste de fermer ses frontières à l’entrée licite des salaisons américaines ! Ce fut une très large blessure faite à sa bourse et à son amour-propre que Jonathan ne nous pardonne pas, et qui donne la clé de bien des vexations infligées depuis lors au commerce étranger.

On ne peut s’étonner que les États-Unis, qui n’ont voulu se lier par aucun traité de commerce à aucune nation[1], se donnent parfois le plaisir de relever brusquement et à leur seul gré, les tarifs de douane, pour essayer de rendre la pareille à leurs voisins d’outremer qui ont édicté des mesures prohibitives. Ils y cherchent, d’ailleurs, et y trouvent souvent de nouveaux profits. Quant à la question d’amour-propre, elle a été réglée à leur satisfaction, disent aujourd’hui les Yankees avec assez de malice, lors de la dernière exposition universelle de Paris. Il est assez piquant en effet de rappeler que les mêmes viandes porcines, bannies de la consommation française pour cause d’insalubrité, ont été primées au Champ de Mars, en 1889, par la grande commission des récompenses. Le Yankee, non sans raison, estime et dit que les Européens manquent un peu de logique ou de franchise.

Pour revenir à l’animal domestique, dont nous voulions parler plus haut, nommons le mouton dont la chair et la toison, soit comme quantité, soit comme qualité, ont subi depuis trente années de grandes variations dans l’Amérique du Nord.

Nul pays ne s’annonce et n’est, en réalité, plus favorable à l’élevage et au développement de la race ovine. La grande propriété

  1. Les États-Unis n’ont conclu qu’un traité exceptionnel ; véritable traité de protectorat, avec les îles Hawaï, qui en profitent pour les inonder de leurs sucres, lesquels entrent francs de droits par les ports de la Californie.