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élections législatives fixées au mois de novembre prochain, des relèvemens de droits sur ces matières premières sont à prévoir, à moins que le bill Mac-Kinley, qui ne satisfait aucun parti malgré ses remaniemens répétés, n’échoue en dernier lieu devant le sénat ou ne soit renvoyé aux calendes.

La moyenne du coût d’un mouton, dans les 42 états, est de 2 dollars 21 cents : le maximum atteint 4 dollars dans le New-Jersey, et le minimum fléchit à 1 dollar 64 cents dans le Tennessee. Le premier de ces deux états, qui confine à la ville de New-York, est le plus gros acheteur, en vue de la consommation prodigieuse de sa voisine qui compte avec Brooklyn 2 millions de bouches.

Cette longue statistique, aride mais instructive, nécessaire d’ailleurs pour l’explication du phénomène économique que nous allons aborder, peut se résumer en une phrase concise. Superficie de culture, quantité des produits agricoles, nombre des immigrans, machines perfectionnées, routes et voies ferrées, moyens de transports et de locomotion, tout cet ensemble qui se tient étroitement, a progressé à l’unisson et dans des proportions considérables, depuis vingt-cinq années, sur ce merveilleux sol des États-Unis. La conclusion logique de cette formule générale est que le fermier américain, propriétaire ou cultivateur de la terre, a dû conquérir l’aisance et doit en jouir présentement : il a même pu thésauriser.

C’est ce que nous allons contredire, non pas d’après des aperçus spécieux, mais documens officiels en main. Le fermier américain touche à sa ruine.


V. — AVILISSEMENT DE LA TERRE ET DE SES PRODUITS.

Des discussions législatives, des comptes-rendus du trésor, des statistiques des départemens du commerce et de l’agriculture, des documens particuliers[1], il ressort déjà clairement que depuis vingt-cinq années, le bénéfice du fermier a été en diminuant ; que le revenu moyen de la culture s’est abaissé de 10 pour 100 au-dessous de 3 pour 100. Les causes de cet avilissement sont nombreuses et complexes ; nous allons les énumérer et les toucher du doigt.

Consultons entre autres, tout d’abord, les registres du conseil d’agriculture de l’Illinois, celui des 42 états où la récolte du maïs atteint le chiffre le plus élevé : prenons la période la plus récente connue ; celle qui va de 1882 à 1886. Or, malgré l’intensité du

  1. Nous devons de précieux renseignemens sur la matière à l’obligeance de M. le comte d’Arschot, conseiller de la légation de Belgique à Washington.