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Roubaix, les tissages de laine et soie qui ont employé, en 1889, plus de 220,000 kilogrammes de soie venant en grande partie d’Asie et représentant une valeur de plus de 6 millions de francs ; à Bohain, Crépy-en-Valois, Breteuil, Troyes, Amiens, plusieurs milliers de métiers travaillent à la bonneterie et à des étoffes diverses mélangées de soie ; à Nîmes, à Avignon, à Toulouse, à Tours, à Mâcon, à Beauvais, à Ganges, dans l’Hérault, un autre millier de métiers fabriquent des taffetas, des passementeries, de soie et de schappe, des tricots, des bas, des gilets, des tapis et des étoffes d’ameublement.

En additionnant la production de Lyon, Saint-Étienne, Saint-Chamond, Paris, Saint-Pierre-lès-Calais et des autres centres industriels cités plus haut, on s’aperçoit que les tissages employant la soie ont une production moyenne qui atteint près de 700 millions de francs. Que représente cette somme de 700 millions de francs comme matières premières, comme salaires, comme bénéfices industriels ? Dans quelle mesure vient-elle du marché intérieur et des marchés extérieurs ? Ce sont là des questions difficiles à résoudre d’une manière précise, mais sur lesquelles on peut trouver cependant des données assez exactes.

La part de la matière première dans la valeur des tissus de soie est assez difficile à évaluer, car ces tissus varient à tout instant comme composition, comme poids, comme nature de matières employées. La soie est presque constamment mélangée en proportions d’une variété infinie avec le coton, la laine, la bourre, le poil de chèvre. Son prix, d’autre part, change avec la nature même de la soie, qui descend de 62 et de 63 francs pour les organsins de France et d’Italie, à 30 et même 25 francs pour certaines soies sauvages de la Chine et de l’Inde. L’ensemble des Conditions des soies françaises (bureaux de pesage, titrage et décreusage) donnent pour les soies contrôlées avant d’être vendues et tissées, un chiffre de 6 millions 500,000 kilogrammes, mais il est de ces soies qui sont conditionnées plusieurs fois, d’autres qui sont destinées à l’exportation. Ce chiffre de 6 millions 500,000 kilogrammes pour la consommation française est donc trop élevé. La fabrique de Lyon évalue à 3 millions de kilogrammes sa consommation annuelle de soie. Si l’on prend pour prix moyen 50 francs, on arrive donc pour Lyon seulement à une somme ronde de 150 millions de francs de soies employées. Que l’on ajoute une quantité égale de filés de coton, de laine et de bourre employés par ces tissages, on voit que la matière des tissus lyonnais entre pour près de la moitié dans le prix de revient. La proportion est la même, d’après M. Ribot, pour la fabrique de Calais ; elle est moindre pour l’importante fabrique de Saint-Chamond, mais elle est plus considérable pour la rubanerie