Page:Revue des Deux Mondes - 1890 - tome 101.djvu/332

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

musée de Versailles furent décidés, il fut appelé des premiers et il exécuta nombre de motifs de décoration pour les salles : dessus de portes, trumeaux, compositions historiques, allégories mêlées à des ornemens. Bientôt des commandes plus importantes lui lurent confiées, et il s’en acquitta brillamment. En 1835, il exposa le portrait équestre du maréchal de Rantzau, plein de physionomie et qui représente avec beaucoup de vraisemblance et de vigueur ce guerrier qui, ayant perdu une jambe, un bras et un œil, ne cessait d’exercer des commandemens dans les armées. En 1836, il envoyait au Salon un autre portrait équestre, aussi destiné à la salle des maréchaux : celui de Charles II de Cossé-Brissac. L’année même de l’inauguration du musée, en 1837, il achevait une grande toile : la Bataille de Villaviciosa ; puis successivement on vit paraître, aux deux Salons qui suivirent, Valenciennes pris d’assaut par Louis XIV et la Bataille de Denain. Chacun de ces ouvrages marque sur celui qui l’a précédé un progrès sensible : tous tiennent parfaitement leur place dans la galerie des batailles. Le dernier surtout est des plus remarquables. La composition en est héroïque et sans emphase. Les mouvemens sont hardis, mais exempts d’exagération. Les costumes de 1712 sont de la plus grande justesse. Les lecteurs de la Revue n’ont pas oublié les belles études de M. Charles Giraud sur la campagne qui fut couronnée par la victoire de Villars ; on sait le détail de cette action mémorable. Le moment choisi est celui où le maréchal, à la tête des régimens de Navarre et de Dauphiné, force les défenses du camp ennemi. Le travail de M. Alaux a précédé de plus de vingt ans celui de l’historien ; et l’historien, je crois, ne pouvait qu’être satisfait de l’œuvre de l’artiste.

J’arrive aux ouvrages qui, d’un avis unanime, ont assuré la réputation de M. Alaux : je veux parler des trois tableaux représentant les États généraux de 1328, l’Assemblée des notables tenue à Rouen en 1596 et les États généraux de 1614. La salle spéciale dans laquelle ils sont placés est décorée de seize compositions sur mur qui représentent les autres assemblées de même ordre, tenues depuis 615 jusqu’en 1767. Ces petits tableaux sont aussi de la main du peintre et ils sont tous composés à merveille. L’auteur était entré dans la plénitude de son talent.

Je ne veux pas discuter les programmes et me demander si le nom d’États généraux convient bien à l’assemblée de 1328. De quelque nature qu’ait été cette consultation, elle a eu une grande importance, puisqu’elle a confirmé le principe de la loi salique et écarté les prétentions qu’Édouard III d’Angleterre élevait sur le trône de France. La séance eut lieu à Paris, dans l’église Notre-Dame. Ce fut là que la question fut débattue et tranchée, sur l’avis des jurisconsultes. M. Alaux a bien rendu cette scène. Philippe de Valois,