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FEMMES SLAVES

VI.[1]
LA JOURNÉE DE GATZKO.

Lorsque les troubles de la Bosnie et de l’Herzégovine devinrent une insurrection générale, d’où sortit bientôt une grande guerre, beaucoup d’officiers autrichiens, de race slave, s’empressèrent de passer en Serbie, afin de prêter leurs bras au peuple frère en péril.

La fièvre belliqueuse s’empara de moi également. C’était bien naturel ; seulement, je me demande encore aujourd’hui comment, au lieu de courir directement en Serbie, la folle idée me vint d’aller au Monténégro, me mettre à la disposition de l’hospodar Nicolas.

Peut-être était-ce l’impression que m’avait faite le prince lorsque je le rencontrai, quelque temps auparavant, à l’exposition universelle de Vienne. Il m’avait frappé d’admiration, lui et les quelques braves qui l’accompagnaient, et l’impression m’en était restée. Peut-être aussi était-ce le souvenir d’un tableau de Czermak, que j’avais remarqué à la Société des artistes de Vienne. Ce tableau représentait des femmes monténégrines emmenées en esclavage par des Bachi-Bouzouks. Le charme que j’avais trouvé dans les yeux

  1. Voyez la Revue des 15 juin et 15 août 1889 et du 1er juillet 1890.