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les territoires de la monarchie sont distribués entre eux, et les affaires de ces territoires, de quelque nature qu’elles soient, y ressortissent. Le roi voulait que tous les conseillers les connussent toutes. « Les uns diront : nous ne sommes compétens que pour le commerce et les manufactures, et nous n’entendons rien à l’économie agricole; les autres : nous connaissons l’économie agricole et nous n’entendons rien au reste... A quoi nous répondrons : nous avons choisi des gens assez intelligens pour se mettre au courant très vite de toutes les affaires. Ils n’ont qu’à travailler avec zèle, à faire attention à toutes les affaires, à s’informer, à s’éclairer ; les uns feront l’éducation des autres. Un homme habile et zélé, qui, après Dieu, n’estime rien au-dessus de la grâce de son roi, qui le sert par amour et pour l’honneur, non pour la solde, qui déteste toute intrigue, se rendra bientôt assez habile pour nous servir en tout. Du reste, nous vous mettrons à l’essai. Nous saisirons l’occasion d’envoyer un conseiller, compétent en matière agricole, établir des manufactures et contrôler l’accise : s’il ne se tire pas d’affaire, il passera un mauvais moment... »

Le travail du directoire, la répartition des affaires, le mode des délibérations, étaient réglés avec le plus grand soin; les responsabilités, marquées en termes très forts. Le roi dit qui sera responsable, selon les cas, et, comme il nomme par leurs noms ministres et conseillers, l’avis a le caractère d’une menace très précise : « Par exemple, s’il y a une négligence dans le premier département, seront responsables : Herold, Manitius et von Thiele. » A bon entendeur, salut. Il n’y a pas moyen de croire qu’il s’agisse d’un autre.

Le premier devoir est l’exactitude. Tout ministre ou conseiller qui, sans une permission écrite du roi, arrivera en retard d’une heure, subira une retenue de 100 ducats; s’il manque toute une séance, une retenue de six mois de traitement; en cas de récidive, il sera cassé cum infamia, car, « si nous payons nos conseillers, c’est pour qu’ils travaillent. » Les séances commenceront à huit heures en hiver, à sept heures en été. Elles dureront jusqu’à épuisement de l’ordre du jour. Si elles ne sont pas terminées à deux heures, la moitié des membres ira dîner, pendant que l’autre continuera à travailler; ceux qui auront mangé se remettront au travail tout de suite, et les autres iront les remplacer à table, car il faut que « notre service soit fait avec zèle et fidélité. » Tous les jours, à onze heures, le cuisinier ira donc demander à l’huissier du directoire si ces messieurs doivent dîner. A deux heures, il servira « une bonne soupe, un bon morceau de bœuf, un bon plat de poisson, un bon rôti de bœuf, de mouton ou de veau, et un quart de bouteille de bon vin du Rhin, par personne. Le menu ne sera pas