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qui a eu lieu le 6 courant. De 78, elle a été ramenée à 76.30, bien que le montant du coupon ne soit que de 1 franc. Des reports très élevés ont découragé les acheteurs les moins solides, et l’annonce un peu subite de l’emprunt dit de conversion de la dette cubaine a révélé dans quelle situation critique se trouve le trésor espagnol. Le ministère des finances était à bout d’expédiens et la Banque d’Espagne à court de ressources. C’est alors que le gouvernement espagnol a décidé d’user de l’autorisation votée par les Cortès d’émettre un emprunt pour la conversion de la dette cubaine. Le 6 pour 100 cubain actuellement existant s’élève à un montant d’environ 400 à 450 millions. Or l’emprunt qui vient d’être créé en vertu de l’autorisation des Cortès et par décret royal est de 875 millions en 5 pour 100. Il est destiné non-seulement à convertir le 6 pour 100 cubain, mais à éteindre la dette flottante de l’île et à rembourser 75 millions d’avances du trésor espagnol à Cuba, ainsi qu’un certain nombre de dettes peu connues et naguère jugées de peu de valeur, telles que les billets de guerre. En un mot, les deux tiers de l’emprunt serviront à des conversions, le dernier tiers à créer des ressources dont le trésor, à Madrid, avait le plus urgent besoin, et qui lui permettront d’attendre le moment favorable pour une opération de liquidation définitive. L’emprunt est divisé en 1,750,000 titres de 500 francs rapportant 25 francs, et dénommés billets hypothécaires. Une souscription est ouverte le 15 courant en Espagne, à Madrid et à Barcelone, à 340,000 de ces titres. La Banque de Paris, intéressée à l’opération, a recueilli les demandes à Paris pour les transmettre à Madrid. Ces obligations, offertes à 465 francs environ, paraissent devoir être accueillies favorablement par les capitalistes qui, tout en recherchant la sécurité, tiennent aussi grand compte de l’élévation du revenu.

Le gouvernement impérial allemand a contracté avec un syndicat de banquiers à Berlin un emprunt de 170 millions de marks en rente 3 pour 100, type nouveau sur ce marché où n’existait encore, en fonds impériaux ou prussiens, que du 4 et du 3 1/2 pour 100. Si actif que soit devenu le marché financier de Berlin, l’attention des spéculateurs allemands ne s’est jamais portée sur ces rentes nationales, que le public, capitaliste lui-même, a dédaignées au point qu’elles n’ont cessé de baisser et ont perdu plusieurs unités dans les douze derniers mois, alors que la rente française gagnait huit unités. Les banquiers allemands ont insisté auprès du gouvernement impérial pour la création d’un fonds 3 pour 100 sur lequel la spéculation pût opérer et qui servirait un jour à la conversion des 4 et 3 1/2 cotés aux environs du pair et condamnés par conséquent à l’immobilité. Une première émission a donc eu lieu le 9 courant. Malgré la modicité du montant offert, 170 millions de marks de 3 pour 100 allemand et 60 millions de marks de 5 pour 100 prussien et malgré le bas prix demandé aux souscripteurs,